Aller au contenu

À Victoria, des étudiants apprennent à enseigner en français pour « faire une différence » |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Mélinda Trochu, publié le 29 novembre 2023

Depuis septembre, huit étudiants suivent un projet-pilote de formation en enseignement intégralement en français à l’Université de Victoria (UVIC).

Alexa Freeman et Hailey Walsh étudient à l’Université de Victoria dans le but de devenir enseignantes en immersion française.
PHOTO : RADIO-CANADA / MÉLINDA TROCHU

Alexa Freeman, une étudiante, dit que c’est un « programme fantastique », même s’il peut être « un peu intimidant », selon sa camarade Hailey Walsh.

Les futurs enseignants qui voulaient enseigner en français ont toujours été accompagnés à UVIC, explique la responsable de projet du programme, Madeleine Challies.

Ce qui change dans cette cohorte, c’est que tous les cours, stages et activités parascolaires sont en français, et ce, pendant 16 mois. Jusqu’à présent, les étudiants devaient déménager à Vancouver pour aller à l’Université Simon Fraser ou à l’Université de la Colombie-Britannique, précise la responsable.

Tout le monde est ravi de pouvoir avoir cette chance de faire ça en français [sur l’île de Vancouver], assure Madeleine Challies.

Les huit étudiants sont tous des finissants de programmes d’immersion. Alexa Freeman, 24 ans, est originaire de Winnipeg. Chaque mercredi, elle fait un stage d’observation avec ses camarades à Sooke et, pour l’instant, le plus difficile est de faire [parler] les élèves en français.

J’ai le cerveau d’une élève d’immersion, je sais comment [les élèves] pensent, et par exemple [s’ils font] des calques en anglais, je sais d’où ça vient. Je connais la phrase en anglais.

Une citation de Alexa Freeman
Alexa Freeman est originaire de Winnipeg, mais a de la famille dans le Grand Victoria, et souhaite trouver un travail dans la région. PHOTO : RADIO-CANADA / MÉLINDA TROCHU

Le français fait partie de son identité et l’accompagne depuis la maternelle, explique Alexa Freeman. Issue d’une famille de professeurs, elle espère pouvoir travailler dans une école élémentaire d’immersion française [à Victoria] où il y a une bonne communauté [et] où tout le monde se sent inclus et célébré.

Madeleine Challies note que le programme vise à offrir une formation qui répond vraiment à la réalité de l’enseignement dans un contexte de langue seconde, langue additionnelle ou langue minoritaire.

Enseigner les maths en français [dans un contexte minoritaire], c’est pas la même chose que d’enseigner les maths dans un contexte de langue majoritaire ou de langue dominante : il faut toujours penser à comment faire comprendre [les choses aux] élèves, comment faire parler les élèves et c’est pas évident.

Une citation de Madeleine Challies

Madeleine Challies est responsable de projet de la formation en enseignement en français à l’Université de Victoria. PHOTO : RADIO-CANADA / MÉLINDA TROCHU

De l’insécurité linguistique au professorat

Hailey Walsh, âgée de 24 ans et originaire de Sooke, se considère vraiment chanceuse de participer à ce programme. En tant que future enseignante, elle espère faire une différence et donner l’occasion aux parents dans une province à majorité anglophone de choisir un enseignement en français pour leurs enfants, car le Canada est un pays bilingue.

Elle raconte avoir eu elle-même plus d’options en ayant le privilège d’être bilingue dans ses voyages et dans la vie quotidienne. Tout comme Alexa Freeman, elle a cependant ressenti de l’insécurité linguistique. Les deux étudiantes expliquent s’être améliorées à l’oral lors de séjours en France.

À l’école, la priorité allait plus à la grammaire qu’à l’oral, précise Hailey Walsh. Pendant ses quatre premières années à l’université, elle assure que tous ses camarades étaient « gênés » de parler en français.

Désormais, la petite cohorte crée une communauté et donne lieu à des discussions fantastiques qui ne se produiraient pas dans un groupe plus grand, considère Alexa Freeman. Madeleine Challies parle quant à elle d’une équipe du tonnerre qui ose prendre des risques. Le programme permet notamment aux futurs enseignants de bâtir leurs identités, déclare la responsable.

Hailey Walsh est originaire de Sooke et souhaite rester dans la région.
PHOTO : RADIO-CANADA / MÉLINDA TROCHU

Hailey Walsh aime quant à elle que la formation lui permette de trouver les bonnes ressources éducatives en français, les cours sur les méthodes d’évaluation et ceux de philosophie où les questions de racisme et d’inclusion sont abordées. À terme, elle aimerait trouver un travail en immersion dans la région, et se renseigne également sur le métier d’aide pédagogique.

En 2024, les étudiants pourront mettre en pratique leurs acquis pendant deux stages de 6 et 10 semaines.

Une deuxième cohorte

Face à la pénurie d’enseignants, Madeleine Challies reconnaît néanmoins qu’une seule année ne sera pas suffisante, même si c’est un début. Les inscriptions pour la deuxième cohorte sont d’ailleurs ouvertes. Ensuite, le futur du programme demeure encore inconnu.

Sophie Bergeron, présidente de l’Association provinciale des professeurs d’immersion et du programme francophone de Colombie-Britannique, souhaite beaucoup de succès à ce programme et qu’il devienne pérenne.

Cela permet particulièrement, dit-elle, d’avoir des gens qui sont formés sur l’île et qui puissent ensuite répondre aux besoins des conseils scolaires de cette région.

L’objectif, c’est d’avoir des enseignants qui resteront en Colombie-Britannique, reconnaît Madeleine Challies. Selon elle, ceux-ci doivent être flexibles, avoir une certaine ouverture d’esprit, voir le potentiel des enfants et ne pas avoir peur de faire des erreurs. Après tout, ajoute-t-elle, c’est aussi cela que les enseignants souhaitent apprendre aux élèves : ne pas avoir peur de parler en français et de se tromper.

Cliquez-ici pour consulter le contenu original