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Après 6 mois de blocage par Meta, l’information locale semble moins atteindre les Acadiens |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Réal Fradette, publié le 13 février 2024

Depuis le 1er août 2023, Meta bloque l’accès au contenu d’information sur Facebook et Instagram.

Ça fait maintenant six mois que Meta a bloqué l’accès aux nouvelles canadiennes sur ses plateformes numériques dont Facebook.
PHOTO : REUTERS / DADO RUVIC

Six mois après la décision de Meta de bloquer la diffusion des nouvelles sur ses plateformes numériques comme Facebook et Instagram, les impacts se font sentir dans les médias acadiens et dans la communauté. Certains trouvent la transition difficile, alors que d’autres estiment avoir évité le pire.

Une incidence majeure au Moniteur acadien

Jason Ouellette, directeur général de l’hebdomadaire Le Moniteur acadien et de Radio Beauséjour, dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, indique que le blocage de Meta a eu une incidence majeure sur la fréquentation des lecteurs sur ses plateformes numériques.

Le Moniteur acadien a vu la fréquentation de son site web dégringoler depuis six mois.
PHOTO : RADIO-CANADA

Avant, avec Meta, on était à 25 000 visites par mois sur le site du Moniteur acadien. Depuis le blocage, nous sommes descendus à 2500. Ce que Meta a fait va à l’encontre de notre mission communautaire. Ça nous met des bâtons dans les roues, commente-t-il, en soulignant que la plateforme Facebook est très populaire en Acadie chez les 35 ans et plus.

Ce que fait Meta brime la démocratie et le droit à la liberté d’expression, selon le directeur général du Moniteur acadien.

Jason Ouellette, directeur général de l’hebdomadaire Le Moniteur acadien et de Radio Beauséjour.
PHOTO : GRACIEUSETÉ : JASON OUELLETTE

Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est la réaction passive du public.

Le peuple semble inactif et indifférent devant ce qui se passe. Il ne réalise pas l’impact à long terme de cette décision de Meta sur les communautés acadiennes.

Une citation de Jason Ouellette, directeur général de l’hebdomadaire Le Moniteur acadien et Radio Beauséjour

Des effets ressentis à L’Acadie Nouvelle

L’Acadie Nouvelle aussi a senti l’impact de la décision de Meta. L’éditeur du quotidien francophone, Francis Sonier, explique que son journal a dû faire preuve de proactivité.

On a eu une baisse en août, quand le blocage a commencé, avant de voir une reprise grâce à des promotions sur différentes plateformes afin d’y rejoindre les gens autrement. Nous avons atténué l’impact et on s’en est bien tiré. Mais j’ai pu parler à quelques collègues des autres médias où c’est plus désastreux, poursuit-il.

L’Acadie Nouvelle a réussi à minimiser l’impact du blocage des nouvelles par Meta.
PHOTO : RADIO-CANADA / PATRICK LACELLE

Il avoue qu’il ne tiendrait probablement pas le même discours si Google avait mis sa menace à exécution de bloquer les nouvelles, en décembre, parce que plus de gens consultent Google.

Pire en situation minoritaire, selon Radio-Canada

Du côté de Radio-Canada, le porte-parole Leon Mar déplore que les internautes au Canada ne voient plus sur leur fil d’actualité que des sources d’information non vérifiées. Il affirme que ce problème est particulièrement important pour les communautés francophones en situation minoritaire et pour les personnes vivant en milieu rural, qui dépendent davantage de Facebook pour s’informer.

Depuis août, Meta a bloqué la diffusion de nouvelles sur ses plateformes numériques telles Facebook et Instagram.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE

La décision de Meta de bloquer l’accès des Canadiens et des Canadiennes à des sources locales d’information vérifiée et digne de confiance est irresponsable et constitue un abus de sa position dominante dans le marché. C’est d’autant plus vrai à un moment où la population en a besoin pour rester à l’abri des événements météorologiques sans précédent au pays, a-t-il indiqué.

Des craintes dans la communauté

Pauline Robichaud, de Caraquet, consommait beaucoup les nouvelles sur Facebook avant le blocage de Meta. Aujourd’hui, elle s’en remet aux médias traditionnels, comme la télévision, pour trouver les informations qui l’intéresse.

Elle croit que ce que Meta a ouvert grand la porte au discours complotiste où les explications simplistes envahissent l’espace public.

On écoute beaucoup de nouvelles à la télé, mais sur le web? Nos enfants qui travaillent et qui n’ont que peu de temps pour s’informer doivent faire plus de recherche pour avoir la bonne information. Nous, les plus vieux, on reste avec la télé, mais les jeunes? Ils doutent de tout et ça divise l’opinion publique, comme aux États-Unis, pense-t-elle.

La consommation de l’information sur les médias sociaux a changé depuis la décision de Meta de bloquer les nouvelles sur Facebook et Instagram.
PHOTO : RADIO-CANADA / RÉAL FRADETTE

Marie-Paule Gilardeau, de Saint-Simon dans la Péninsule acadienne, consultait souvent des nouvelles sur Facebook. Elle les partageait si elle pensait que ça pouvait intéresser d’autres personnes.

Maintenant, je ne le peux plus et c’est dommage. L’information se doit d’être communiquée au plus de gens possible, car l’ignorance est une plaie sociale, croit-elle.

Mathieu Durepos, de Dundee dans le Restigouche, a aussi changé la manière dont il consomme des nouvelles.

C’est plus difficile, concède cet amateur de sports. Avant, je consommais beaucoup de mes nouvelles sur Facebook. Maintenant, je regarde les sites de Radio-Canada, de l’Acadie Nouvelle, de RDS et TSN pour avoir les grandes lignes.

Dix fois moins de circulation

Selon la professeure au programme d’information-communication de l’Université de Moncton, Marie-Linda Lord, il se fait jusqu’à 10 fois moins de circulation de produit d’information sur les réseaux sociaux qu’avant le blocage de Meta.

Marie-Linda Lord, professeure titulaire en information-communication à l’Université de Moncton, le blocage de la diffusion des nouvelles par Meta a eu un impact important sur les médias traditionnels.
PHOTO : RADIO-CANADA

Une étude du Centre des médias de l’Université Laval à Québec mentionne que des gens sont retournés à la source depuis le blocage de Meta. Mais ça demeure un petit pourcentage et ça concerne surtout les médias gratuits, dont Radio-Canada, TVA ou encore La Presse. Quand les gens ont accès à du contenu gratuit, ils sont moins disposés à payer pour de l’information, analyse-t-elle.

La décision de Meta force les médias traditionnels à revoir leur modèle d’information, poursuit-elle.

Le modèle des 50 dernières années ne peut plus fonctionner, estime Marie-Linda Lord. Des gens l’ont compris et ça force à faire les choses autrement. L’Acadie Nouvelle a été très dynamique et ne s’est pas assise sur ses lauriers.

L’intelligence artificielle à surveiller

Marie-Linda Lord mentionne que Facebook a considérablement réduit la confiance des utilisateurs envers le contenu des médias sociaux et traditionnels, à l’aube où un nouvel ennemi se pointe à l’horizon : l’intelligence artificielle.

Un nouvel ennemi en plein essor dans une année importante, alors que la moitié des électeurs dans le monde seront appelés aux urnes, soutient la professeure de l’Université de Moncton.

L’arrivée de l’intelligence artificielle inquiète. Tout a tellement l’air authentique. C’est là où les médias traditionnels ont un rôle important à jouer pour combattre la désinformation et les astuces qui vont circuler sur les réseaux sociaux. Le journalisme devra rétablir la confiance avec le public avec des informations fiables, un travail rigoureux et factuel, informe-t-elle.

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