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Au cœur du nouveau village le plus francophone de l’Ontario |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Jimmy Chabot, publié le 6 septembre 2023

Quel est le secret de Mattice-Val Côté, dans le Nord-Est de l’Ontario, pour préserver la francophonie? Le fureteur nord-ontarien s’est rendu dans cette petite communauté pour tenter de le découvrir.

Joshua et Samuel s’amusent dans le nouveau parc d’eau à Mattice.
PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

Hearst, reconnu comme le petit Québec de l’Ontario, a été détrôné. Mattice Val-Côté occupe le premier rang en province pour les communautés d’au moins 500 habitants pour le pourcentage de sa population qui peut soutenir une conversation en français, avec 96,3 %.

Le secret de ce nouveau bastion francophone passe par ses 542 résidents qui ont su se tenir debout pour de ne pas perdre leurs services dans la langue de Molière.

Le drapeau franco-ontarien flotte aux quatre coins de la vile de Mattice Val-Côté. PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

L’École catholique St-François-Xavier ne compte plus qu’une vingtaine d’étudiants. L’an dernier, Crystal Lacroix a décidé de changer de carrière afin de venir en renfort à l’école élémentaire du village.

J’ai vu une affiche disant que l’École de Mattice avait besoin d’aide. J’ai décidé de changer de carrière totalement, raconte celle qui faisait des soins à domicile à Hearst.

Crystal Lacroix a changé de cap pour occuper un poste l’École catholique St-François-Xavier de Mattice.
PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

La mère de famille entamait sa deuxième rentrée comme aide-enseignante lorsque nous l’avons rencontrée.

Inspirer la jeunesse par de petits gestes

Sa comparse de travail Marie-Josée Couture a fait sensiblement la même chose en retournant aux études dans la trentaine afin d’obtenir le poste de secrétaire en 2020.

Ça m’a pris trois ans avoir mon diplôme, précise la mère de 4 enfants qui devait aussi jongler avec 2 emplois et transporter ses jeunes à leurs activités sportives.

Elle occupe depuis son emploi de rêve dans un des rares postes à Mattice. La plupart des résidents de ce village parcourent la trentaine de kilomètres qui séparent Mattice de Hearst pour aller travailler.

Marie-Josée Couture adore son emploi à l’école.
PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

Cet emploi au cœur de [s]a communauté revêt une signification particulière.

L’école c’est notre cœur de Mattice. C’est où j’ai été à l’école [et] que mes enfants ont été à l’école, mentionne-t-elle.

Enseignante depuis 26 ans à cette école, Lynn Malenfant admire l’audace de ses collègues. Elle est convaincue que leurs histoires sauront inspirer les élèves de sa classe.

Lynn Malenfant a 4 élèves dans sa classe de 4 niveaux différents.
PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

C’est ce qu’on essaie de transmettre à nos jeunes. Vous pouvez aller aux études à l’extérieur, mais revenez [pour] garder notre belle langue française vivante, soutient-elle.

Mattice-Val Côté, un bastion francophone, mais jusqu’à quand?

Ce petit village situé sur la Transcanadienne, le long de la rivière Missinaibi, pourrait ne pas conserver son titre lors du dépouillement du prochain recensement.

Un constat qu’a fait Crystal Lacroix qui s’inquiète que ses enfants cessent de mettre les accents, là où il faut, comme le chantait Paul Demers.

Crystal Lacroix note que l’anglais risque de gagner du terrain dans les prochaines années.
PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

Dans les deux dernières années, de plus en plus de jeunes familles anglophones ont déménagé au village, a-t-elle remarqué.

Tous les jeunes de Mattice jouent toujours ensemble après l’école. Ils font du bicycle. C’est certain que lorsqu’on introduit de jeunes anglophones avec ces groupes de jeunes, ils vont être plus tentés de parler en anglais.

Une citation de Crystal Lacroix, mère de famille

Je pense que ça peut affecter un peu leur langue française parce qu’ils n’auront pas la chance de continuer à pratiquer de parler français autant souvent, se désole la mère de deux enfants.

Convertir les anglophones un à la fois

Gaétan Garneau, copropriétaire de l’épicerie du village, a aussi remarqué que récemment 10 % de sa clientèle est unilingue anglophone. 

Plusieurs sont ouverts à apprendre le français, jure-t-il.

Il y a une dizaine de jours, il a même montré à l’un d’eux l’application Duolingo pour qu’il développe ses aptitudes en français.

Lucie Chabot et Gaëtan Garneau sont propriétaires de l’épicerie Au p’tit Marché, à Mattice. ( Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / FRANCIS BOUCHARD

[Mon client] était vraiment content d’avoir ça, là tu vois qu’il se force pour apprendre […] le français. Un matin, il me parlait plus en français que d’habitude, c’était le fun, raconte l’épicier avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

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