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Dans l’intimité familiale de Louis Riel à travers des lettres révélant son côté sensible |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Bassirou Bâ, publié le 30 mai 2023

L’Université de Calgary expose, pour la première fois, des lettres et des carnets personnels de Louis Riel. Accessibles au public en personne ou à travers le site web de l’université, ces documents historiques rédigés en français permettent de découvrir une facette méconnue de ce personnage déjà multidimensionnel.

Les lettres, toutes écrites en français, recréent un portrait de la famille du chef de la rébellion métisse au 19e siècle. (Photo d’archives)
PHOTO : ARCHIVES

Exécuté il y a 138 ans, Louis Riel apparaît dans l’histoire sous de multiples visages, certains le considèrent comme le père fondateur du Manitoba, un patriote, un résistant, un martyr, tandis que d’autres le dépeignent comme un traître.

Les 35 lettres et les 2 carnets de notes manuscrites lui ayant appartenu, qui sont exposés en ce moment à la galerie Nickel de l’Université de Calgary, viennent offrir une autre perspective du personnage. Il s’agit de lettres envoyées par Louis Riel à sa mère et à ses frères et sœurs durant les années 1870 et 1880.

Un portrait intimiste…

Louis Riel a passé de nombreuses années en exil après la première Rébellion de la rivière Rouge. Il a vécu aux États-Unis pendant de nombreuses années, rappelle la commissaire de l’exposition, Annie Murray, par ailleurs responsable des livres rares et des collections spéciales à la bibliothèque de l’Université de Calgary.

« La mère donne à son enfant la vie, le lait de son sein est l’aliment salutaire qui nourrit, fortifie et développe son faible corps […]. L’homme doit amour [et] reconnaissance à celui qui l’a engendré, à celle qui [l’a] fait naître. »— Une citation de  Extrait d’une lettre de Louis Riel à ses sœurs, datée du 14 juillet 1885

La collection permet de brosser le portrait d’une famille de 11 enfants et de montrer le rôle de Louis Riel au sein de cette fratrie en sa qualité d’aîné.

Selon Annie Murray, Louis Riel avait un réel sentiment d’appartenance à sa famille, et ses lettres donnaient toutes sortes de nouvelles de celle-ci, comme celles annonçant par exemple une naissance ou un décès. « L’amour qu’il porte à sa famille est assez incroyable, note-t-elle, tout comme la façon dont il salue affectueusement tout le monde. »

« [Ces lettres] montrent une autre dimension de Riel, celle qui le présente comme une personne plus entière, je dirais. »— Une citation de  Annie Murray, commissaire de l’exposition « Louis Riel écrit à la maison »

Une archive d'un texte manuscrit.
La collection acquise par l’Université de Calgary comprend 35 lettres et 2 carnets de notes personnels de Louis Riel.
PHOTO : FOURNIE PAR ANNIE MURRAY

Cindy Desrochers, directrice du Musée de Saint-Boniface, au Manitoba qui a vu naître Louis Riel en 1844, estime, elle aussi, que ces lettres offrent une perspective intéressante, notamment sur la façon dont Louis Riel et sa famille ont pu être en communication pendant plusieurs années, en dépit de tout ce qu’il lui est arrivé.

… montrant un côté plus humain

Outre l’aspect familial, les manuscrits montrent le côté plus humain de Louis Riel, selon Cindy Desrochers. On ne peut pas oublier que Louis Riel était un être humain avec une famille et des amis. Il a été exilé de son pays et cela a dû être difficile.

« Le fait qu’il y a des lettres [dans lesquelles] il parle à sa famille, disant des « bonjour » et que tout le monde lui manque, c’est touchant quand même et ça donne une perspective de Louis Riel comme personne, comme être humain et non seulement comme politicien. »— Une citation de  Cindy Desrochers, directrice, Musée de Saint-Boniface

Des notes manuscrites dans un carnet de notes.
La collection comprend aussi des pensées et des méditations de Louis Riel.
PHOTO : FOURNIE PAR ANNIE MURRAY

Tout en notant que la collection comprend aussi des pensées et des méditations, Annie Murray dit avoir été particulièrement touchée par l’une des lettres, celle adressée à son frère Joseph, avec qui il n’avait pas été en contact pendant deux ans, et dans laquelle il avait écrit : « Je suis marié maintenant et j’ai un enfant ».

La commissaire de l’exposition souhaite par ailleurs faire connaître ces lettres à l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, en juin, car les archives font partie, selon elle, du processus de réconciliationPlus nous les partageons, mieux nous nous comprenons les uns les autres, et mieux nous comprenons notre passé vraiment troublé.

Les lettres sont consultables sur le site web de l’Université de Calgary, avec des traductions disponibles pour les non-francophones. Pour les personnes qui auraient du mal à déchiffrer les manuscrits, ils ont tous été dactylographiés.

Avec les informations d’Athéna Couture et l’émission Calgary Eye Opener

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