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Des citoyens de Greenstone réclament le retour du drapeau franco-ontarien |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Bienvenu Senga, publié le 11 mars 2024

Pour faire en sorte que «tous les groupes [soient] reconnus de manière égale», la Municipalité de Greenstone a retiré, en février, le drapeau franco-ontarien du mât de l’hôtel de ville où il flottait en permanence depuis 2015.

Le drapeau franco-ontarien, qui flottait en permanence devant l’hôtel de ville de Greenstone depuis 2015, a été retiré après l’adoption d’une nouvelle politique par le conseil municipal le 12 février.
PHOTO : RADIO-CANADA

Une délégation de citoyens francophones de Greenstone, dans le Nord-Ouest de l’Ontario, fera une présentation lundi soir lors de la réunion du conseil municipal afin de réclamer que le drapeau franco-ontarien flotte de nouveau en permanence devant l’hôtel de ville.

Pourquoi est-ce qu’il faut encore se battre pour ça? Moi, c’est ça que je ne comprends pas, affirme la résidente de Greenstone Anne-Marie Gélineault.

Avec deux de ses concitoyens francophones, elle tentera lundi soir de convaincre le conseil municipal d’infirmer sa décision du 12 février.

À l’unanimité, les élus locaux de Greenstone ont voté en faveur d’une nouvelle politique sur les drapeaux.

Elle a fait en sorte que le drapeau vert et blanc qui flottait de manière permanente devant le bureau municipal depuis 2015 a été retiré du mât qu’il partageait avec le drapeau de Greenstone.

La nouvelle politique stipule que le drapeau franco-ontarien ne flottera désormais que pendant quelques jours vers la fin du mois de septembre, une période qui comprendra le Jour des Franco-Ontariens.

La Municipalité justifie sa décision par sa volonté d’avancer dans ses efforts de réconciliation avec les peuples autochtones.

Elle veut ainsi faire de la place au drapeau Every Child Matters (Chaque enfant compte), pendant cinq jours aux environs du 30 septembre, Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

Selon la politique adoptée le 12 février par le conseil municipal de Greenstone, le drapeau Every Child Matters flottera devant l’hôtel de ville pendant cinq jours, dont le 30 septembre qui est la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.
PHOTO : RADIO-CANADA / EVAN MITSUI

En faisant flotter le drapeau franco-ontarien toute l’année, nous reconnaissons un groupe démographique toute l’année, ce qui peut être considéré comme une non-reconnaissance d’autres groupes démographiques, dont les peuples autochtones, peut-on lire dans le rapport présenté au conseil municipal le 12 février dernier.

Il y a certains jours de l’année où le drapeau franco-ontarien n’est pas le choix le plus approprié comme la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

Une citation de Extrait du rapport présenté au conseil municipal de Greenstone le 12 février 2024

Dans leur présentation de lundi, les trois représentants de la communauté francophone de Greenstone reviendront sur l’historique du drapeau franco-ontarien, hissé pour la première fois à Sudbury en 1975 et devenu en 2020 un emblème officiel de l’Ontario.

Anne-Marie-Gélineault fait partie de la délégation de francophones qui réclameront, lundi soir, devant le conseil municipal de Greenstone, que le drapeau franco-ontarien soit hissé de nouveau et flotte en permanence devant l’hôtel de ville.
PHOTO : CAPTURE D’ÉCRAN

Ils présenteront officiellement une pétition d’appui à leur demande signée à la main, en quatre jours, par plus de 500 résidents de Greenstone.

Selon le recensement de 2021, environ 21 % de la population de Greenstone ont le français comme langue maternelle et 29 % des habitants savent parler français et anglais.

Anne-Marie Gélineault s’inquiète du message qu’envoie le retrait du drapeau, surtout dans un contexte où une mine en construction dans la région pourrait bientôt attirer de nouveaux résidents.

Avec tous les antécédents de ce drapeau-là, […] il faut garder pour que les gens puissent savoir qu’il y a des francophones ici, et que oui, on est d’accord qu’ils viennent s’installer ici, indique-t-elle.

On a déjà assez de misère à garder la partie française, puis là, on est en train de se battre encore pour le drapeau. [La décision du 12 février] m’a vraiment choquée.

Une citation de Anne-Marie Gélineault, résidente francophone de Greenstone

Un faux choix entre une culture et une autre

Des représentants de la communauté francophone de Greenstone déplorent qu’aucun sondage et aucune consultation n’aient été menés avec la population francophone pour avoir son opinion au sujet du retrait du drapeau.

Questionné le 18 février à ce propos, le maire de Greenstone James McPherson a répondu que le but de la politique, dans l’esprit de la réconciliation, est de montrer du soutien à tous les groupes.

Tous les groupes sont reconnus de manière égale et si un groupe souhaite avoir une proposition différente, le conseil est certainement ouvert à l’évaluer.

Une citation de James McPherson, maire de Greenstone, en entrevue le 18 février 2024

Le maire de Greenstone a ajouté que le Plan d’action pour la réconciliation de la Municipalité découlait de discussions avec les Premières Nations de la région.

Plus de 20% des citoyens de Greenstone ont le français comme langue maternelle.

PHOTO : RADIO-CANADA / FRANCIS BOUCHARD

Radio-Canada a contacté les dirigeants des quatre communautés autochtones les plus proches de Greenstone.

Richard Herbert, l’administrateur du conseil de bande de la Première Nation d’Aroland, a confirmé vendredi à Radio-Canada que sa communauté n’avait pas été consultée au sujet de la nouvelle politique sur les drapeaux de Greenstone.

La cheffe de la Première Nation d’Animibiigoo Zaagi igan, Yvette Metansinine, n’était pas au courant vendredi de la politique adoptée le 12 février.

Les chefs des Premières Nations de Long Lake 58 et de Ginoogaming n’ont pas répondu à nos questions.

Anne-Marie Gélineault est convaincue que des consultations auraient pu mener à d’autres pistes de solutions, d’autant plus que les francophones et les Autochtones entretiennent des relations cordiales depuis longtemps dans la région, souligne-t-elle.

Le plan stratégique [pour] que les autres groupes aient une [visibilité], ce n’est pas une raison pour en enlever à un et en donner à l’autre ou juste un petit peu à tous les deux. Je suis certaine qu’il y a une autre façon dont on pourrait régler la situation […]

Une citation de Anne-Marie Gélineault, résidente francophone de Greenstone

La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, qui est aussi la députée de Thunder Bay—Supérieur Nord, où se trouve Greenstone, a été approchée par des membres de la communauté francophone dans ce dossier.

La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, représente également la circonscription où se trouve Greenstone.
PHOTO : THE CANADIAN PRESS / DARREN CALABRESE

On peut avancer sur le chemin de la réconciliation ET être fier de nos racines francophones. On n’a pas à choisir, a-t-elle écrit récemment sur les réseaux sociaux.

Je pense qu’il est important, alors qu’on marche sur le chemin de la réconciliation, que tout le monde ait l’opportunité d’emprunter ce chemin, a-t-elle ajouté en entrevue.

Je pense que lorsqu’on crée de faux choix entre une culture et une autre, on peut rendre cette voie plus instable. Je sais que ce n’est pas l’intention du conseil municipal de Greenstone, mais ça peut être le résultat […].

Une citation de Patty Hajdu, députée fédérale de Thunder Bay—Supérieur Nord et ministre des Services aux Autochtones

Quelles solutions?

La ministre Hajdu dit espérer que, par l’entremise de la présentation de lundi soir, le conseil municipal [de Greenstone] se rendra compte qu’il a un rôle important à jouer dans la cohésion de la communauté et explorer des solutions.

Le rapport présenté aux élus dans la réunion du 12 février indique que ce n’est pas un protocole approprié de faire flotter deux drapeaux sur un même mât.

Pourquoi ne pas simplement installer de nouveaux mâts? La Municipalité estime que le coût de cette opération est de 10 000 $ à 20 000 $, une somme trop élevée, estime le maire McPherson.

Et si on ajoutait un nouveau mât, quel drapeau irait dessus?, ajoute-t-il.

Un emblème officiel de l’Ontario mérite-t-il une considération spéciale devant les édifices municipaux, comme l’hôtel de ville de Greenstone?

La politique concerne les drapeaux de la municipalité. Le gouvernement provincial a sa propre politique, répond M. McPherson.

C’est le Franco-Ontarien Rénald Beaulieu qui était maire de Greenstone en 2015, lorsqu’une résolution a été adoptée pour que le drapeau franco-ontarien flotte en permanence devant l’hôtel de ville.
PHOTO : RADIO-CANADA / THOMAS GERBET

L’ex-maire de Greenstone, Renald Beaulieu, qui dirigeait la Municipalité en 2015, trouve définitivement décevant le retrait du drapeau franco-ontarien, surtout que la démarche [de le faire flotter en permanence] avait été faite avec beaucoup d’organisations.

Je sais que maintenant, il y a des changements, parce qu’il y a des pressions sur d’autres organismes qui ressentent le besoin de voir leur drapeau flotter, note-t-il.

Si on peut amener la demande avec une solution raisonnable, je crois que le conseil municipal de Greenstone devrait être à l’écoute.

Une citation de Renald Beaulieu, ex-maire de Greenstone

La délégation compte-t-elle proposer des solutions précises?

Pas nécessairement [lundi soir], répond Anne-Marie Gélineault.

On veut leur laisser la possibilité que si [le conseil municipal] veut en discuter, on est prêts à en discuter avec eux pour voir ce qu’on peut faire et garder l’équité pour tout le monde. […] Les francophones, on a l’art d’être très imaginatifs et d’essayer de trouver des solutions avec le peu de moyens qu’on a et je suis certaine qu’on peut les aider, conclut-elle.

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