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Journée québécoise de la francophonie canadienne : « Soyons amis dans notre langue »

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

AMBER O’REILLY – Poète, slameuse, autrice de théâtre, scénariste, recherchiste et animatrice d’événements multilingues, publié le 22 mars 2024

« Les étrangers sont rarement aussi étrangers qu’on le croit », a dit Gabrielle Roy, une figure qui nous incite à nous rassembler et à échanger en tant que Québécois et Franco-Canadiens. Aujourd’hui, 22 mars, son anniversaire de naissance, c’est la Journée québécoise de la francophonie canadienne.

J’ai envie de célébrer avec vous, en tant qu’artiste des Territoires du Nord-Ouest, l’apport et la force indéniable des différentes communautés francophones au Canada, pour qu’on soit des amis qui échangent en français, tout comme Gabrielle Roy et les gens à qui elle écrivait des lettres.

Gabrielle Roy est née au Manitoba et a vécu au Québec et en Europe. Elle fait partie de l’écosystème culturel qui m’a poussé à écrire, et ce, en français dans le Nord et l’Ouest canadien, où la majorité de la population ne peut me lire. C’est un choix irrationnel qui vient du cœur et qui me donne à la fois des racines et des ailes.

Dans nos communautés francophones en milieu minoritaire, on réussit à créer nos œuvres et à les faire voyager en composant avec plusieurs défis.

Le Québec est un pôle de diffusion important pour nous et pourrait l’être encore davantage. Comme Gabrielle Roy, on peut ensemble construire d’autres ponts. Elle a inspiré plusieurs collaborations interrégionales contemporaines dont La détresse et l’enchantement de Marie-Thérèse Fortin et Olivier Kemeid, Cet été qui chantait de Marie-Ève Fontaine et Le monde de Gabrielle Roy (tou.tv) : nous avons là des structures et façons de travailler qui gagnent à être adoptées à plus grande échelle. Que pourrait engendrer une mobilité accrue des œuvres, des artistes et des étudiants en arts entre le Québec et la francophonie canadienne, et ce, dans les deux sens ?

Miser sur la mobilité culturelle

Au fil de mon propre parcours, j’ai tenté de miser sur la mobilité culturelle pour enrichir et pérenniser mes communautés francophones. J’ai vécu à Yellowknife, Winnipeg et Montréal, à l’image de la trajectoire migratoire de Gabrielle Roy. En 2014, je suis devenue jeune ambassadrice de la francophonie des Amériques du Centre de la francophonie des Amériques, un honneur qui ne me quittera jamais où que je me trouve. L’existence même de ce réseau illustre le fait que les francophones ont tous besoin les uns des autres.

Lors de ma résidence indépendante en écriture dramatique à l’École nationale de théâtre à Montréal, tout comme je m’immergeais dans une réalité sociale et géographique québécoise, mes pairs se sont intéressés à ma propre francophonie et aux territoires dont je suis issue.

C’est exactement ce genre de rencontres d’humain à humain qui sont à la base des toiles de solidarité qui traversent les paysages de notre langue.

Aujourd’hui, mes collaborations artistiques et amitiés nées grâce au français s’articulent non seulement au Canada, mais aussi à l’international.

La francophonie en tant que mouvement a la capacité unique de dissoudre les frontières entre êtres humains. Parlons notre langue, la langue de Gabrielle Roy. Québécois et Québécoises, faites-vous des amis, amies, collègues, familles et repères culturels franco-canadiens. Venez échanger avec nous et avec nos créations.

N.B : la tribune est parue initialement dans La Presse à l’occasion de la Journée québécoise de la francophonie canadienne, célébrée aujourd’hui.