Aller au contenu

Le français se fraye une place dans le recrutement des médecins au Manitoba |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Thibeault Jourdan, publié le 12 février 2024

La province exige que 10 % des médecins recrutés dans le cadre d’une campagne qui doit faire venir 150 professionnels au Manitoba soient francophones, selon un contrat entre la province et Canadian Health Labs, obtenu par Radio-Canada grâce à une demande d’accès à l’information.

Sur les 150 médecins recrutés éventuellement par le Manitoba, 15 devraient parler français. (Photo d’archives)
PHOTO : ISTOCK

En juillet dernier, le gouvernement progressiste-conservateur, alors au pouvoir, avait annoncé la signature de ce contrat afin d’attirer 150 médecins dans la province. Selon l’entente, 50 d’entre eux devront s’installer dans le nord de la province, 50 à Winnipeg, et 50 dans des régions rurales.

Dans l’accord initial signé le 24 juillet avec Canadian Health Labs, une agence de recrutement de Toronto qui travaille dans le domaine de la santé, aucune mention n’est faite du recrutement de médecins francophones. Une porte-parole de Soins communs affirmait pourtant, le jour de la signature, que c’était le cas.

Cependant, un avenant ajouté au contrat près d’un mois plus tard, le 15 août, stipulait : Dix pour cent des 150 médecins de famille requis doivent être bilingues en anglais et français.

10 % de médecins, une cible juste

C’est Soins communs qui a été responsable de publier l’appel d’offres, le 14 avril 2023. C’est aussi cette entité, qui chapeaute l’ensemble des services de santé au Manitoba, qui a déterminé que 15 des médecins recrutés devaient être bilingues.

L’objectif de 10 % a été fixé en fonction de la proportion de la population du Manitoba qui se considère comme francophone, explique un porte-parole de Soins communs. Selon les données de Statistique Canada tirées du recensement de 2021 (Nouvelle fenêtre), 8,4 % des Manitobains ont une connaissance du français.

C’était l’objectif dès le départ, et le contrat a été modifié pour y remédier, ajoute le porte-parole de Soins communs pour expliquer le retard entre la signature initiale et l’ajout de l’avenant. Il ne précise cependant pas pourquoi ce chiffre n’a pas été inscrit dès le départ dans l’entente.

Cette cible m’apparaît juste, dit le directeur général de Santé en français, Jérémie Roberge, qui précise cependant que l’organisation n’a pas d’objectif spécifique en ce qui concerne le recrutement de médecins francophones.

Il ajoute que Santé en français a mis à jour ses données sur la population en prenant en compte le recensement et la définition qui se trouve dans la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine.

On est justement autour d’un petit peu plus de 9 %, près de 10 % de la population totale du Manitoba qui est en mesure de parler français, assure-t-il.

Des questions à propos du recrutement

Le contrat conclu entre le Manitoba et Canadian Health Labs est d’une durée de deux ans, avec une option de prolongation d’une année. Son montant a été censuré dans les documents obtenus à travers la demande d’accès à l’information.

L’entreprise recrute dans plusieurs pays anglophones, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Irlande, affirmait, en juillet dernier, la ministre de la Santé de l’époque, Audrey Gordon. Ces pays étaient aussi mentionnés sur le site Internet de l’entreprise, mais la page a, depuis, disparu.

On ne sait cependant pas comment Canadian Health Labs compte s’y prendre pour trouver des médecins qui parlent français dans ces pays, ni si elle fait affaire dans des pays francophones. Contactée à de multiples reprises pendant plusieurs mois par Radio-Canada, l’entreprise n’a jamais répondu.

Une offre d’emploi disponible sur son site Internet en rapport avec les emplois au Manitoba stipule néanmoins qu’être bilingue en français est un atout.

Santé en français responsable de l’évaluation linguistique

Pour sa part, Soins communs s’en remet à l’entreprise qui a remporté l’appel d’offres. Canadian Health Labs a affecté des recruteurs spécialisés dans un certain nombre de pays et prévoit des événements de recrutement virtuels pour offrir des informations sur les opportunités pour les médecins au Manitoba, dit-il.

Santé en français, de son côté, n’a pas collaboré directement aux négociations contractuelles. Ce n’est pas nécessairement à nous d’intervenir à ce niveau-là lorsqu’il y a des ententes entre Soins communs et une tierce partie, explique Jérémie Roberge.

Son organisation est néanmoins responsable de l’évaluation des compétences linguistiques en français du personnel de santé. Ces examens se font à la fin du processus d’embauche.

C’est un service qui fonctionne par demande. Donc, ce sont les établissements désignés bilingues qui les effectuent. Elles nous sont acheminées, traitées, puis, par la suite, on fournit l’évaluation des compétences linguistiques, explique Jérémie Roberge.

Aucun médecin encore en poste

Reste que sept mois après la signature du contrat entre la province et Canadian Health Labs, aucun médecin recruté à travers cette initiative n’est encore en poste au Manitoba.

Les efforts de recrutement sont en cours. Comme le contrat avec Canadian Health Labs n’en est qu’à ses débuts, aucun candidat lié à cette initiative n’est arrivé au Manitoba à ce jour, indique un porte-parole de Soins communs.

Lundi, Uzoma Asagwara, ministre de la Santé du Manitoba, a déclaré pour sa part que, pour son gouvernement, la rétention, le recrutement et la formation de médecins bilingues sont une priorité et font partie de [son] plan.

Cliquez-ici pour consulter le contenu original