Aller au contenu

Le long combat pour l’accès à l’éducation en français au Manitoba |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Publié le 8 mars 2023

Le 10 mars 1916, l’enseignement du français est devenu illégal au Manitoba. Joël Ruest, enseignant à la Faculté de l’éducation de l’Université Saint-Boniface, raconte comment la communauté franco-manitobaine s’est battue pour préserver l’enseignement en français dans la province.

Aujourd’hui l’histoire de l’école en Français au Manitoba (cliquer ici pour écouter l’émission)

L’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba (AECFM)
PHOTO : SHSB16714A/Société historique de Saint-Boniface

Avant l’adoption de la loi, le français et l’anglais étaient enseignés à égalité au Manitoba. À l’entrée de la province dans la Confédération, en 1870, les populations anglophones et francophones métisses sont en nombre égal.

Après 1870, une forte immigration anglophone, européenne et ontarienne, change la démographie du Manitoba. En 1916, il ne reste que 10 % de francophones dans la province.

Le gouvernement manitobain adopte la loi Thornton cette année-là. En réaction, la communauté franco-manitobaine forme l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba (AECFM). « On l’a souvent décrite comme un ministère de l’Éducation en parallèle, mais clandestin, explique Joël Ruest. Dans plusieurs cas, les inspecteurs [du gouvernement] savaient ce qui se passait, mais ils étaient quand même sympathiques à la situation des francophones. »

La Révolution tranquille et le courant nationaliste au Québec émergent au cours des années 1960. Les francophones du Manitoba « se mettent debout » et exigent le droit à l’éducation en français. Inquiet, le gouvernement fédéral lance en 1963 la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. « C’est là qu’on s’aperçoit que les communautés francophones à l’extérieur du Québec sont pas mal dépourvues », rappelle Joël Ruest. Le gouvernement manitobain jette du lest et permet progressivement l’enseignement du français dans les écoles.

Le Manitoba rétablit le statut de l’enseignement en français en 1970, mais pas les commissions scolaires francophones. Grâce à l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés, en 1982, les francophones réussissent enfin à instaurer un système scolaire indépendant dans les années 1990. « L’article 23 a été l’arme la plus puissante pour appuyer les francophones dans leur désir d’avoir accès à un système scolaire francophone, explique Joël Ruest. [Il] nous dit clairement que les minorités linguistiques au Canada, de langues officielles, ont le droit de faire instruire leurs enfants dans des écoles de la communauté. »

Enfin, Joël Ruest raconte comment, malgré la Charte canadienne des droits et libertés, les Franco-Manitobains et Franco-Manitobaines ont dû faire valoir leurs droits linguistiques, et il fait le point sur la diversité et la complexité de la minorité francophone du Manitoba d’aujourd’hui.