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Le musée de la Maison Gabrielle-Roy célèbre ses 20 ans, entre réjouissances et défis |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Simon Deschamps, publié le 19 juin 2023

Ce 19 juin marque le 20e anniversaire de l’ouverture du musée de la Maison Gabrielle-Roy à Saint-Boniface. Cet anniversaire marque des moments de réjouissances, mais aussi de réflexion sur les défis à relever pour cette institution muséale.

La maison de jeunesse de Gabrielle Roy au 375, rue Deschambault a été construite en 1905. Le musée a ouvert ses portes le 19 juin 2003.
PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON DESCHAMPS

Quarante ans après le décès de Gabrielle Roy, l’autrice manitobaine connaît surtout un regain de popularité grâce au théâtre et à la télévision.

La deuxième saison de la série télévisée, Le monde de Gabrielle Roy, réalisée par l’Acadienne Renée Blanchar, est présentement en tournage au Manitoba.

Une des actrices, la Franco-Manitobaine Marie-Ève Fontaine, a créé une pièce de théâtre d’images de marionnettes inspirée du roman Cet été qui chantait.

Les premières représentations ont eu lieu au Théâtre Cercle Molière, au début du mois de juin. Maintenant, l’équipe de production compte présenter la pièce à Petite-Rivière-Saint-François, au Québec, là où Gabrielle Roy a été inspirée pour l’écriture du roman, et faire voyager la pièce à l’échelle du pays.

Marionnette bunraku d'une vieille dame.
Marie-Ève Fontaine, qui incarne le rôle de Gabrielle Roy, manipule sa sœur Bernadette, incarnée par une marionnette bunraku, dans la pièce Cet été qui chantait. (Photo d’archives)
PHOTO : JONATHAN LORANGE

La bénévole de première heure à la Maison Gabrielle-Roy Doris Lemoine a aidé à la transformation en musée de la Maison Gabrielle-Roy. Celle qui est toujours membre de l’institution et maintenant âgée de 83 ans se réjouit de voir une nouvelle garde propager les mots de la célèbre autrice canadienne-française.

C’est tellement encourageant de voir des jeunes qui continuent à connaître l’œuvre de Gabrielle Roy et qui veulent continuer à la répandre, lance-t-elle.

Elle-même relit souvent l’œuvre de Gabrielle Roy et en parle dans sa résidence pour aînés à chaque occasion à des gens qui la connaissent moins ou qui l’ont connue plus jeune.

Gabrielle Roy pose avec la main sous son menton.
Gabrielle Roy en 1945, année de publication de son premier roman intitulé Bonheur d’occasion, qui lui vaut le prix Fémina. (Photo d’archives)
PHOTO : ANNETTE ET BASIL ZAROV, FONDS GABRIELLE-ROY, BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA

Sortir de la tempête

Malgré ce regain d’intérêt pour la vie de l’autrice, le nouveau directeur général de la Maison Gabrielle-Roy, entré en fonction en janvier 2022, Jacques Desaulniers affirme réveiller la bête endormie, après des années marquées par la pandémie et l’absence d’un directeur général pendant plusieurs mois entre avril et décembre 2022.

Vraiment, je recommence à zéro, lance-t-il. Je crois que jusqu’à ce que beaucoup de projets soient en marche, je dois être sage financièrement.

Environ 400 personnes ont visité le musée au mois de mai 2023, fait-il savoir.

Jacques Desaulniers est photographié devant la Maison Gabrielle-Roy.
Jacques Desaulniers occupe le poste de directeur général de la Maison Gabrielle-Roy depuis janvier 2022.
PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON DESCHAMPS

En ce moment, précise M. Desaulniers, la Maison Gabrielle-Roy peut compter sur une quinzaine de bénévoles. Si on en avait 2 ou 3 fois plus, ce serait extraordinaire, souhaite-t-il.

« Beaucoup des personnes qui étaient impliquées il y a 20 ans ont vieilli et elles ne peuvent pas nécessairement s’impliquer autant qu’elles le faisaient par le passé. Il y a de nouveaux bénévoles, mais vraiment c’est un des très gros défis de trouver de nouveaux bénévoles, en trouver des jeunes qui pourront, je l’espère, aider pendant un temps. »— Une citation de  Jacques Desaulniers, directeur général de la Maison Gabrielle-Roy

Pour aller chercher un nouveau public, M. Desaulniers dit qu’un de ses défis sera de travailler avec différents groupes, différentes communautés et les divisions scolairesSi je réussis à rejoindre des jeunes au primaire maintenant, j’espère qu’un jour ils deviendront bénévoles ou membres de conseil, exprime-t-il.

Les premières heures du musée

L’histoire de la transformation de la Maison Gabrielle-Roy en musée commence au milieu des années 1990. La Chambre de commerce de Saint-Boniface présidée par David Dandeneau et l’architecte Étienne Gaboury identifient des lieux à fort potentiel touristique dans le quartier. Des Québécois avaient même voulu déménager la maison du 375, rue Deschambault dans la Belle Province.

Annette Saint-Pierre nous disait que beaucoup de Québécois cherchaient à voir la Maison Gabrielle-Roy. Elle était devenue la personne-ressource pour les visites. Un jour, elle nous a dit qu’il y avait trop de demandes. On a bien vu le potentiel, affirme David Dandeneau.

« L’idée était aussi que les Québécois mettent le pied à terre au Manitoba dans leurs voyages vers la Colombie-Britannique. La Maison Gabrielle-Roy était un élément important pour les accueillir chez nous. »— Une citation de  David Dandeneau, ancien président de la Chambre de commerce de Saint-Boniface

Introduction à Gabrielle Roy avec Samuel Rancourt
PHOTO : RADIO-CANADA

La Maison, qui a été longtemps habitée, a été achetée par la Corporation Gabrielle-Roy, une société gérée par des bénévoles, pour la somme de 155 000 $. La Corporation en a pris possession en février 1997. Par la suite, la restauration de l’édifice a coûté près de 650 000 $, selon le site web de la Maison Gabrielle-Roy.

La Ville de Winnipeg, la Winnipeg Foundation, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, les gouvernements fédéral et provincial ont notamment contribué au projet.

M. Dandeneau raconte avoir donné des copies traduites du roman Ces enfants de ma vie à des politiciens provinciaux conservateurs qui ne connaissaient pas du tout Gabrielle Roy. […]Je pense que ça a ouvert la porte au financement, ils étaient sensibilisés à l’importance de Gabrielle Roy pour le Manitoba.

Nina Berkhout donne une entrevue en visioconférence.
Nina Berkhout reste marquée par l’accueil des gens de Saint-Boniface et par son expérience à la Maison Gabrielle-Roy.
PHOTO : RADIO-CANADA

La première directrice générale de la Maison Gabrielle-Roy, Nina Berkhout, qui travaille aujourd’hui au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, se souvient que son mandat était de reconstituer la Maison selon l’époque de la jeunesse de Gabrielle Roy.

Les bénévoles avaient fait leurs recherches, ils avaient trouvé des meubles, ils avaient des idées. J’essayais d’aider là où je pouvais, mais il avait tout ça en main. C’est moi qui ai beaucoup appris d’eux, relate-t-elle.

Mme Berkhout dit avoir des souvenirs vagues de la journée de l’ouverture officielle du musée, le 19 juin 2003, en raison de l’intensité des mois précédents. Elle estime qu’il y avait au moins une centaine de personnes présentes.

Il y avait de la musique. Il y avait du soleil et il faisait chaud. C’était une journée parfaite. Il y avait beaucoup de monde qui venait de Saint-Boniface. Il y avait des gens du Québec, mentionne-t-elle. C’était une journée de joie, vraiment après tellement d’années à essayer de sauvegarder la Maison.

L’importance de la Maison dans l’œuvre de Gabrielle Roy

Nina Berkhout relate que Gabrielle Roy ne voulait pas que sa maison soit transformée en musée. Je crois qu’elle serait heureuse et touchée maintenant, dit-elle.

La professeure titulaire au Département d’études françaises, de langues et de littératures de l’Université de Saint-Boniface, Lise Gaboury-Diallo se donne la mission de faire lire des œuvres de Gabrielle Roy dans ses cours.

Lise Gaboury-Diallo sourit.
Lise Gaboury-Diallo a déjà été écrivaine en résidence à la Maison Gabrielle-Roy. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / MATHILDE GAUTIER

Elle se dit heureuse et fière de voir la Maison Gabrielle-Roy célébrer son 20e anniversaire, un petit bijou que nous avons ici à Saint-Boniface, qu’il faut continuer à chérir et célébrer, mentionne Mme Gaboury-Diallo. D’autant plus, rappelle-t-elle, que sa maison et ses souvenirs composent la majorité de son œuvre.

Sa fiction est fortement imprégnée de son vécu. Et justement, vous avez des œuvres comme Rue Deschambault qui évoquent ces souvenirs d’enfance. Cette maison prend vie sous sa plume et elle évoque par exemple là où elle allait se réfugier pour écrire en haut dans le grenier, souligne Lise Gaboury-Diallo. Les visiteurs peuvent monter puisqu’ils ont installé une machine à écrire. […] On rentre dans son univers et dans l’intimité de Gabrielle quand on visite cette maison.

Le grenier dans la Maison Gabrielle-Roy
Gabrielle Roy passait des heures dans le grenier à réfléchir sur la vie.
PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON DESCHAMPS

Le directeur général de la Maison Gabrielle-Roy, Jacques Desaulniers, indique que malgré le budget modeste avec lequel il doit travailler, le 20e anniversaire du musée de la Maison Gabrielle-Roy est souligné lors des Jeudis de la francophonie en matinée.

Au menu, contes pour enfants, interprétation du jardin et des offres 2 pour 1 pour une visite du musée, indique le site web des Jeudis de la francophonie. Un événement spécial est prévu le 31 août, indique M. Desaulniers.

Il espère pouvoir faire une fête plus grande lors du 25e anniversaire de la Maison Gabrielle-Roy.

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