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L’Université de Sudbury, un nouveau moteur économique ? |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Francis Beaudry et Chris St-Pierre, publié le 24 mai 2023

Une nouvelle étude commandée par l’Université de Sudbury et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario prévoit que si les gouvernements décident de financer l’Université de Sudbury et de lui permettre de donner des cours, la région du Moyen Nord pourrait en bénéficier économiquement.

L’Université de Sudbury a envoyé son plan d’affaires à la province au début de l’année. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / YVON THÉRIAULT

Chaque dollar investi par les gouvernements fédéral et provincial dans le projet d’Université de Sudbury pourrait rapporter huit dollars à la région du Moyen Nord, selon l’étude dévoilée mercredi par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et l’Université de Sudbury.

Le recteur de l’université, Serge Miville, espère que ce rapport aidera à convaincre le ministère des Collèges et Universités de l’Ontario de verser des fonds à l’établissement et de lui donner le feu vert pour offrir des cours à nouveau.

« C’est de montrer à quel point un établissement postsecondaire de langue française à Sudbury va être un moteur économique pour la région, en plus d’être un élément fort pour le développement social, culturel et intellectuel de la francophonie du Moyen Nord. »— Une citation de  Serge Miville, recteur de l’Université de Sudbury

Serge Miville en entrevue.
Historien de carrière, Serge Miville dirige aujourd’hui l’Université de Sudbury. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / FRÉDÉRIC PROJEAN

Cette étude se base sur le plan d’affaires de l’Université de Sudbury en analysant les dépenses de fonctionnement, les dépenses de la clientèle étudiante et du personnel de l’établissement, ainsi que les retombées provenant des événements qu’elle attirerait et des contrats qu’elle accorderait, peut-on lire dans le rapport. 

L’étude, qui a été menée par le Centre de leadership et d’évaluation (CLÉ), s’est aussi penchée sur des données qui proviennent de Statistique Canada et de la Chambre de commerce du Grand Sudbury. 

Des retombées deux fois plus importantes

Les chercheurs prévoient que l’établissement générera 89,3 millions de dollars pour la région d’ici la fin de la décennie.

Ces retombées économiques atteignaient 47,1 millions de dollars en 2018-2019, la dernière année académique normale avant le début de la pandémie et la séparation de l’Université Laurentienne.

Dans le cadre de sa stratégie de recrutement, l’Université de Sudbury cible une partie importante des 8500 jeunes de 10 à 19 ans du Nord-Est de l’Ontario qui ont le français comme première langue. 

En plus des dépenses prévues par l’université dans son plan d’affaires, l’activité générée par les nouveaux étudiants que l’elle compte attirer ferait augmenter les retombées, précise Stéphanie Denizé, responsable d’études et d’évaluation du CLÉ.

Ces étudiants sont estimés à 541 pour l’année universitaire 2028-2029, dit-elle. Il s’agirait donc d’un bond de plus de 100 étudiants au cours des cinq prochaines années.

Dans un communiqué publié conjointement par l’université et l’AFO mercredi, on indique que 45,8 % des enfants de 18 ans et moins du Grand Sudbury ont droit à l’enseignement dans la langue de la minorité, ce qui signifie selon eux que le projet d’Université de Sudbury a une clientèle cible nombreuse.

Selon le recteur, les investissements des gouvernements auraient un effet multiplicateur et permettraient à l’université de croître au fil du temps.

On a un effet multiplicateur quand on investit dans le postsecondaire, dans un établissement autonome de langue française, explique M. Miville.

[L’université], dans le passé tout comme aujourd’hui, a toujours été bien gérée. Elle n’a pas de dette en ce moment. Elle est capable de jouer son rôle de leadership qu’elle joue depuis 110 ans maintenant.

Comment s’assurer du succès de l’Université de Sudbury?

Le rapport rappelle de nombreuses fois que la fin des activités à l’Université de Sudbury représente une perte pour la communauté, que ce soit pour l’économie ou pour les possibilités de formation en français dans la région.

Pour assurer son bon fonctionnement, il faudrait du financement direct du gouvernement de l’Ontario et, surtout, la création d’un réseau de partage de ressources entre les universités et collèges de langue française et bilingues en Ontario. 

Il faudrait également, selon une partie des experts interrogés pour élaborer le rapport, voir un transfert des programmes en français de l’Université Laurentienne vers celle de Sudbury, une mesure qui n’a pas encore reçu l’aval d’un gouvernement impliqué dans le dossier

Fabien Hébert .
Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / JIMMY CHABOT

L’Université de Sudbury a fait ce qu’elle avait à faire. La communauté franco-ontarienne a exprimé ses désirs et tous les documents et les analyses ont été préparés comme demandé et remis au gouvernement, rappelle Fabien Hébert, président de l’AFO, qualifiant l’étude de munitions pour justifier l’investissement qui permettrait au projet d’aller de l’avant.

« La balle est dans la cour du gouvernement [de l’Ontario]. À eux de passer à l’action. »— Une citation de  Fabien Hébert, président de l’AFO

Une porte-parole du ministère des Collèges et Universités a indiqué par courriel que la province poursuit l’évaluation du dossier de l’Université de Sudbury.

Le ministère dit continuer de travailler avec tous les établissements d’éducation francophone pour offrir une éducation postsecondaire de haute qualité aux communautés francophones et du Nord de l’Ontario.

Certains intervenants ont par ailleurs réitéré que pour pouvoir bien fonctionner, l’université devra s’assurer que la communauté soit derrière son projet et qu’un engouement soit créé à l’aide d’une communication plus transparente et redevable envers la communauté.

Serge Miville assure que le dossier progresse, tout comme les discussions avec les différents gouvernements.

En attendant une réponse définitive au sujet de l’avenir de l’université, le recteur indique qu’il s’acharne à obtenir de nouveaux fonds pour poursuivre les travaux de transformation.

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