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Phil Rivière, Youtubeur militant et et pourfendeur de l’insécurité linguistique |ONFR+|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

ONFR+ – Lila Mouch-Essers, publié le 29 avril 2023

 Phil Rivière est le youtubeur derrière la chaîne AppelezMoiPhil. Depuis plusieurs années, il propose du contenu varié sur les francophonies canadiennes. Fier Franco-Ontarien, il lutte à sa façon pour promouvoir l’Ontario français. Un de ses objectifs : prouver à Denise Bombardier que les francophones hors Québec n’ont pas disparu. Membre du collectif Le Réveil, il est le récipiendaire du Prix Huguette-Parent, décerné par le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) en février dernier.

Phil Rivière promet de nouveaux projets destinés aux Franco-Ontariens sur sa chaîne YouTube. Gracieuseté

« En 2011, à l’âge de 10 ans, vous avez créé votre chaîne YouTube AppelezMoiPhil, dans laquelle vous parlez des luttes franco-ontariennes et de la francophonie canadienne. Comment est venue l’idée de supporter la cause franco-ontarienne à un si jeune âge ?

Même si je suis né au Québec, j’ai grandi ici, en Ontario. Je ne suis pas quelqu’un d’investi dans la culture québécoise et ça s’explique parce que, ce qui m’entourait pendant mon adolescence, c’est l’Ontario. C’est vraiment ma maison, là où j’ai créé ma culture d’aujourd’hui. C’est là où je me suis fait le plus d’amis aussi. Je me suis construit ici, en tant que jeune francophone.

Phil Rivière est le récipiendaire du Prix Huguette Parent du RPFO. Gracieuseté

Alors, quand j’ai eu 10 ans, effectivement, nous avons quitté le Québec pour Kingston en Ontario. Mon père est militaire, plusieurs membres de ma famille ont été dans l’armée. Je ne savais pas ce qui se passait. J’avais peur de perdre mes amis. Puis là, c’était comme un gros choc linguistique, avec le fait que tout le monde autour de moi parle en anglais. Quand l’école a commencé en septembre, on m’a envoyé dans une école francophone et en fait, je ne m’étais jamais senti aussi inclus. Avant ça, je me suis toujours senti exclu. Je pense que c’est ça qui a initié mon intérêt.

L’accueil que j’ai eu, représente tellement l’essence de la communauté franco ontarienne. Dès mon enfance, j’ai compris les combats autour de moi et je m’y suis intéressé. Je m’identifie comme Franco-Ontarien. Prendre part à lutte me paraissait déjà évident.

La plateforme YouTube AppellezMoiPhil a-t-elle toujours eu cette vocation ?

Au départ, ce n’était pas vraiment sérieux. Je faisais du gaming, des animations, des vidéos un peu bêtes, mais, à un moment donné, j’ai eu envie de faire des vidéos sur des enjeux qui me tenaient plus à cœur. J’ai commencé avec « Quelles différences entre la France et le Canada ? », « C’est comment être francophone dans une province anglophone ? ». En 2021, j’ai publié une vidéo sur les francophones hors Québec et ça a complétement explosé : 84 000 vues !

Aujourd’hui, en quoi est-ce crucial pour vous de faire la promotion de la culture franco-ontarienne, dans vos contenus et dans la manière dont vous le faites ?

C’est très important pour moi parce que ça me choque encore. Je vis à Orléans, là où les anglophones ont essayé d’enlever l’accent (Rires). Il y a deux jours, je suis allé dans une clinique à Orléans, et ils n’ont même pas été capables de me servir en français. C’est une insulte pour moi. Ce sont de petites affaires de la vie de tous les jours qui me poussent à me battre. Ce n’est pas facile d’être francophone en Ontario. En parler sur ma chaîne, c’est aussi une façon de briser le plafond de verre.

Phil Rivière a commencé à faire des vidéos sur YouTube à l’âge de 10 ans. Gracieuseté

Si je veux parler de la francophonie en contexte minoritaire, c’est parce que je suis poussé par les injustices du système et par un gouvernement qui vient nous couper des services en utilisant l’excuse du manque de fonds. Ce n’est d’ailleurs pas une bonne excuse selon moi.

Quelle vision ont les anglophones des francophones, selon vous ?

Je crois que certains anglophones pensent que parler français, c’est une joke. Je pense qu’ils ne sont absolument pas éduqués au fait français. Je ne veux pas généraliser, mais de mon expérience, les jeunes anglophones qui sont plus ouverts aux causes sociales, vont quand même dire : « Speak English, it’s more simple », comme si ma partie francophone n’était pas nécessaire, parce que je vis dans une province anglophone.

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