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Plafond d’étudiants étrangers : désavantagé, le Nouveau-Brunswick souhaite une exception |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Frederic Wolf, publié le 16 février 2024

Des représentants des milieux de l’éducation, des affaires et de la politique demandent des changements.

Au Nouveau-Brunswick, on craint que les nouvelles exigences d’Ottawa désavantagent la province. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / MICHEL NOGUE

Un concert de voix s’est élevé jeudi au Nouveau-Brunswick pour demander au gouvernement fédéral d’accorder une exception à la province et lui permette d’inviter plus d’étudiants étrangers.

Le plafonnement par Ottawa du nombre d’étudiants étrangers est une décision que vont payer chèrement les régions francophones en milieu minoritaire, estiment des représentants des milieux de l’éducation, des affaires et de la politique.

Chaque demande de permis d’études soumise au ministère fédéral de l’Immigration nécessite une lettre d’attestation envoyée par une province.

Pierre Zundel est président-directeur général du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / PATRICK WRIGHT

Le problème, a expliqué jeudi Pierre Zundel, PDG du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB), c’est qu’Ottawa juge que 60 % des étudiants d’ailleurs dans le monde qui reçoivent une lettre d’attestation viennent au Canada.

La réalité, au Nouveau-Brunswick, particulièrement dans les institutions francophones, c’est que beaucoup moins que 600 étudiants [sur 1000] vont venir, déclare Pierre Zundel. Pour le CCNB, ce serait plus ou moins 37 %. La province devrait donc avoir le droit d’essayer de recruter plus d’étudiants.

On aurait besoin, au Nouveau-Brunswick, pas de 9300 lettres d’attestation — qui est ce que le ministre propose —, mais plutôt de 15 000 lettres pour nous de permettre de recevoir en septembre prochain 5600 étudiants, calcule-t-il.

Les cibles qu’on nous accorde pour le nombre de personnes qui peuvent venir ne sont pas réalisables, étant donné le nombre de lettres d’attestation qu’on nous accorde, résume M. Zundel.

Se faire dépasser par le Québec

À huit mois de la rentrée, l’Université de Moncton craint de voir les étudiants étrangers choisir le Québec plutôt que le Nouveau-Brunswick.

Ils ont pris une longueur d’avance sur nous, affirme Gilles Roy, vice-recteur à l’enseignement et à la recherche de l’Université de Moncton.

Le Québec a déjà un système en place, dit M. Roy. Eux sont déjà en train de recruter dans les mêmes bassins que nous. Puisqu’on attend encore comment ça va fonctionner au Nouveau-Brunswick, c’est certain que nous, on perd du temps.

Il rappelle que l’obtention d’un permis d’études prend plusieurs mois. Si des correctifs ne sont pas apportés immédiatement, il sera trop tard.

De gauche à droite, jeudi à Dieppe : Gaëtan Thomas, président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick; Yvon Godin, président de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick; Gilles Roy, vice-recteur à l’enseignement et à la recherche de l’Université de Moncton; et Pierre Zundel, président du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick.
PHOTO : RADIO-CANADA / BABATUNDÉ LAWANI

Les conséquences, c’est que les étudiants ne pourront pas venir en septembre , dit Gilles Roy. Peut-être qu’ils vont décider d’aller ailleurs. […] Les étudiants internationaux sont convoités par toutes les institutions d’enseignement postsecondaires.

Pénurie de main-d’œuvre et immigration

Pour interpeller Ottawa et le ministre de l’Immigration Marc Miller, Gilles Roy et Pierre Zundel du CCNB étaient entourés, jeudi en conférence de presse, de représentants du Conseil économique du Nouveau-Brunswick et de l’Association francophone des municipalités.

Gaëtan Thomas, président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick, à Dieppe, jeudi.
PHOTO : RADIO-CANADA / BABATUNDÉ LAWANI

Gaëtan Thomas, le président-directeur général du conseil économique, note que tout le pays manque de main-d’œuvre. Il soutient que les changements apportés par Ottawa créent un déséquilibre et désavantageront le Nouveau-Brunswick.

Ça va avantager des régions anglophones, des régions plus urbaines, croit-il.

Une baisse du nombre d’étudiants étrangers dans les régions acadiennes aura des conséquences sur l’économie locale, insiste M. Thomas.

La jeunesse africaine qui vient étudier, par exemple, au collège à Bathurst, au campus à Shippagan, à Edmundston, ils prennent goût à cet endroit-là. Il y a beaucoup de travail de disponible pour eux et évidemment, on a la chance d’avoir la main-d’œuvre nécessaire pour accroître nos entreprises, dit-il.

Pour l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick (AFMNB), le plan du fédéral ne tient pas compte des défis à relever quand vient le temps d’attirer des immigrants dans un milieu francophone minoritaire.

En plus d’être contre-productive pour le Nouveau-Brunswick, cette mesure est contradictoire de la part d’un gouvernement et d’un ministre qui assurent vouloir freiner le déclin démographique des francophones en milieu minoritaire, critique Yvon Godin, le président de l’AFMNB.

On voudrait une mesure d’exception pour une province qui est la seule […] au Canada qui est […] bilingue, plaide M. Godin.

Pierre Zundel, du collège communautaire, espère qu’Ottawa rectifiera rapidement le tir. On est vraiment coincés dans le temps, a-t-il mentionné.

Avec des informations de Babatundé Lawani