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RADIO-CANADA – Océane Doucet, publié le 1 mars 2023
Le ministère de l’Éducation du N.-B. effectue une révision majeure des programmes de sciences humaines de la 4e à la 8e année pour y inclure l’histoire des personnes noires et afrodescendantes.
Le Mois de l’histoire des Noirs vient de se terminer, mais dans les écoles francophones du Nouveau-Brunswick, un vrai chantier est en branle pour intégrer les réalités passées et présentes des Noirs dans les programmes scolaires.
En 2020, l’ex-ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, avait promis d’intégrer des notions entourant l’histoire des Noirs dans les programmes scolaires. Depuis, le ministère de l’Éducation affirme revoir les programmes de sciences humaines de la 4e année à la 8e année, afin d’y inclure l’histoire des populations noires et afrodescendantes.
Il s’agit d’un travail de longue haleine, explique Sylvie Lebel, agente pédagogique à l’unité des sciences humaines du ministère.
« C’est un moment historique, je pense que c’est très important. Pour mieux vivre ensemble, faut d’abord se connaître », lance-t-elle.
« En 4e année, on travaille le Nouveau-Brunswick. On veut parler des gens de chez nous. […] On va sûrement placer le Nouveau-Brunswick sur deux ans [en 5e année aussi] parce qu’on a beaucoup de contenus », explique-t-elle.
Sylvie Lebel explique que son équipe est accompagnée de deux comités consultatifs composés de personnes noires, d’Autochtones et d’historiens, entre autres. Grâce à eux, des contenus sont élaborés et devant l’ampleur des nouvelles ressources, il a fallu repenser le programme de sciences humaines.
Elle précise que les plus jeunes élèves seront alors appelés à mieux comprendre la composition actuelle de la population de la province et les changements de celle-ci au fil des ans. Par la suite, les élèves de la 5e à la 8e année seront exposés à des notions qui entourent les provinces atlantiques, la citoyenneté canadienne et les diversités multiculturelles dans le monde.
« Les personnes noires et afrodescendantes du Nouveau-Brunswick ont une présence de plus de 200 ans sur notre territoire, peut-être qu’on se rend pas compte, mais c’est effectivement vrai. »
— Une citation de Sylvie Lebel, agente pédagogique à l’unité des sciences humaines, ministère de l’Éducation
Le programme de sciences humaines de la 4e année vient d’être finalisé et une formation aux enseignants sera offerte au début de la prochaine année scolaire.
Impliquer les jeunes à créer des ressources
Netty Vanessa Mfingoulou travaille avec Sylvie Lebel. Elle est consultante de programmes pour la diversité, le développement et les apprentissages 0-8 ans.
Pour elle, l’actualisation des programmes de sciences humaines qui reflètent les diversités culturelles est primordiale.
« Je trouve que c’est un grand pas en avant dans le sens qu’il y a une sensibilisation qui se fait aussi. [..] Les personnes qui sont sensibilisées apprennent, donc ce qui fait que ça diminue ou écarte un peu l’ignorance pour certaines personnes qui ne connaissaient pas la personne noire, qui ne connaissait pas l’histoire en fait. »
Netty Vanessa Mfingoulou précise que pour bien construire le programme, il a fallu développer de nouvelles ressources pour mieux outiller le personnel enseignant.
« Dans ces ressources, on met en avant la contribution des personnes d’ascendance africaine, afin de préparer les enseignants à mieux faire face à la réalité multiculturelle qu’on a dans nos écoles », ajoute-t-elle.
Elle précise que deux vidéos ont entre autres été réalisées. L’une d’entre elles se veut un tremplin pour de jeunes leaders afrodescendants qui peuvent ainsi prendre la parole(Nouvelle fenêtre) et exprimer leur opinion quant à leur bien-être en milieu scolaire.
Une autre vidéo a permis à des enfants d’écrire des chansons qui représentent la diversité culturelle qui s’épanouit dans leurs communautés et dans leurs écoles et qui valorisent ainsi les différences.
Viser la précision
Sylvie Lebel ne s’en cache pas. Avant cette réforme, le programme de sciences humaines était assez vague et des changements s’imposaient.
On ne nommait pas de façon explicite cette population qui habite le territoire du Nouveau-Brunswick. Tandis que là, on va le faire, de façon explicite, on met les mots dans le programme d’étude qui guide davantage l’enseignant.
Elle ajoute que le secteur francophone en éducation a aussi le mandat de construction identitaire francophone et acadienne. En ajoutant des éléments au programme, il faut s’assurer que tout le monde y trouve son compte.
« Ne pas enlever les contenus essentiels, mais s‘assurer de donner aussi le temps aux élèves et aux enseignants de voir ces contenus-là », dit-elle.
Cette réforme du programme des sciences humaines peut sembler une tâche ardue, surtout pour une « petite équipe », mais qui vaut le coup, selon Netty Vanessa Mfingoulou.
« Ça permet de déconstruire socialement les préjugés négatifs à l’égard de la communauté noire et pouvoir être en mesure de faire tomber les barrières dans toutes les sphères d’activités, tant sociales, culturelles, institutionnelles qu’économiques. Donc moi je me dis, c’est important et ça va toujours l’être. »
Le ministère de l’Éducation estime que les modifications de tous les programmes de sciences humaines seront complétées en 2025.