De nombreux artistes monteront sur scène pour souligner le 100e anniversaire des soins de santé en français à Moncton, le 19 mai, à la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption.
Il y a un siècle, une première patiente a été soignée en français à Moncton. C’était en octobre 1922, à l’Hôtel-Dieu de l’Assomption, fondé par les Sœurs de la Providence. La contribution de ces religieuses soignantes sera soulignée lors du spectacle.
Parmi les artistes de diverses disciplines qui monteront sur scène, on compte notamment Marie-Jo Thério, Christian Kit Goguen, Sandra Le Couteur, le groupe Écarlate, les jeunes chanteurs d’Acadie, la troupe DansEncorps, Jean-Philippe Raîche et Georgette LeBlanc.
Ce qui relie tous ces artistes-là, c’est leur lumière et le fait qu’ils sont attachés de quelque façon à notre communauté ici à Moncton, affirme la directrice artistique de l’événement, Mélanie LeBlanc.
Cette dernière a d’ailleurs fait des recherches dans les archives du CHU Dumont afin de s’inspirer pour la ligne directrice du spectacle.
Une découverte intéressante des archives : l’arrivée en train des religieuses, il y a 100 ans.
Ce moment-là est vraiment venu capter mon imaginaire. C’est un petit peu avec ce moment-là que le spectacle est lancé, dit-elle. On part avec le train et l’arrivée de ces quatre religieuses gardes-malades là pour, dans le fond, changer notre communauté à jamais.
100 ans de soins en français
L’hôpital l’Hôtel-Dieu de l’Assomption, dirigé par la congrégation des Sœurs de la Providence, a ouvert ses portes en octobre 1922. Il s’agissait d’un établissement de 17 lits, sur la rue Church, dans le centre-ville.
En 1928, un nouvel Hôtel-Dieu a ouvert ses portes pour répondre à la forte demande pour des soins de santé en français dans la région. Il a été acheté par le gouvernement provincial en 1967. Ce dernier a par la suite fait construire le futur CHU Dumont, qui a ouvert ses portes en 1975.
Célébrer le 100e anniversaire des soins de santé en français dans la province est primordial, selon la Dre Chantal Arsenault, médecin de famille au CHU Dumont depuis 30 ans et coprésidente du comité organisateur des festivités.
C’est important de savoir d’où on vient et d’avoir des racines. Il y a eu beaucoup de défis dans les soins de santé, alors ça prend un sentiment d’appartenance, ça prend des racines pour que lorsque les temps deviennent durs, on va rester debout et on sera bien ancré et on aura le goût d’y rester, dit-elle. C’est très important que d’être soigné dans sa langue.
Rendez-vous à la cathédrale
Le choix du lieu de spectacle n’est pas anodin.
La cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, au 226 rue St. George, est un beau petit clin d’œil aux Sœurs de la Providence.
On se devait, respectueusement, de revenir à notre lieu d’origine et d’apporter toutes les générations qui se sont succédé dans un esprit de fête et de se rassembler, explique Gilles Beaulieu coprésident du comité organisateur des célébrations.
C’est un bijou, et toute cette belle histoire a commencé avec une vocation : les religieuses, les Sœurs de la providence, dit-il.
Le fait de célébrer notre 100e anniversaire dans la cathédrale de la rue St. George est symbolique et en même temps grandiose, ajoute la Dre Chantal Arsenault. Ce n’est pas un hasard qu’on est ici, c’est la boucle qui se boucle
Le spectacle sera présenté le 19 mai à 19 h. L’entrée sera libre. Les billets seront disponibles à compter du 3 mai en ligne par le biais de l’agence Le Grenier musique.
Chiac Disco, le plus récent album de l’autrice-compositrice-interprète acadienne Lisa LeBlanc, a remporté jeudi soir le prix du meilleur enregistrement francophone de l’année au gala des Prix de la musique de la côte est (ECMA’s), la remise annuelle des prix de la musique sur la côte est.
C’était la 35e remise annuelle des prix de la musique sur la côte est jeudi soir au Centre Scotiabank, à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Dans la catégorie de l’enregistrement francophone, Lisa LeBlanc était nommée aux côtés de Caroline Savoie, P’tit Belliveau, Plywood Joe, Laurie LeBlanc et les Hôtesses d’Hilaire.
Lisa LeBlanc était aussi l’une des 10 finalistes au prix de l’artiste de l’année voté par le public. C’est Kellie Loder, multi-instrumentiste de Terre-Neuve, qui a été choisie.
L’autrice-compositrice-interprète acadienne était également en lice pour trois autres prix, soit chanson de l’année (Pourquoi faire aujourd’hui), enregistrement solo et enregistrement pop de l’année.
Les francophones partent bredouilles
Les Hôtesses d’Hilaire ont interprété la pièce This is My Pencil durant le gala, mais le groupe néo-brunswickois, nommé trois fois, est reparti bredouille. Son album Pas l’temps de niaiser était finaliste pour l’enregistrement rock de l’année, un prix décerné à Wanderer, du groupe The Trews.
Serge Brideau et sa bande étaient aussi finalistes dans la catégorie du vidéoclip de l’année, pour celui de la pièce Safe to Say, réalisé par Katrine Noël et Kevin McIntyre. Le prix, voté par le public, a été décerné à Master of Denial, de Nicole Ariana, réalisé par Griffin O’Toole et Brendan Lyle.
Quinze prix ont été remis lors du gala de jeudi. Les 40 prix restants seront remis ce dimanche 7 mai lors du gala de l’industrie.
Les prochains Prix de la musique de la côte est seront décernés à Charlottetown.
Liste des gagnants des principales catégories
ALBUM DE L’ANNÉE
Andrew Waite – Andrew Waite (réalisation : Chris Kirby)
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RADIO-CANADA – Miguelle-Éloïse Lachance Mohamed Tiene, publié le 5 mai 2025
Les Éditions Prise de parole célèbrent le 50e anniversaire de leur fondation à Sudbury, le 5 mai 1973.
La maison d’édition est l’un des organismes membre du Regroupement des organismes culturels de Sudbury (ROCS), qui permet de concerter leurs efforts pour la diffusion de la culture franco-ontarienne.
Sa fondation s’inscrit dans un mouvement de création et de construction identitaire qui a marqué les années 1970 à Sudbury, menant notamment à la naissance de la Nuit sur l’étang et du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), deux autres membres du ROCS.
Prise de parole tire son origine d’un club littéraire mis sur pied par trois étudiants de l’Université Laurentienne : Denis St-Jules, Gaston Tremblay et Jean Lalonde. Le club est animé par le professeur de littérature Fernand Dorais.
Ils ont le souhait de publier un recueil de textes écrits lors d’une série d’ateliers de créations.
Denis St-Jules affirme que de se tourner vers le Québec n’était pas vraiment une option.
On allait forcément tomber sur des oreilles sourdes au Québec et donc la solution à tout ça, c’était de créer notre propre maison d’édition. Et c’est Gaston Tremblay qui a eu cette idée qui nous semblait un peu farfelue à l’époque, se rappelle-t-il.
Appuyés par Robert Dickson, un autre professeur, ils demandent notamment conseil au poète Gaston Miron, cofondateur des éditions de l’Hexagone.
La Nuit sur l’étang était alors la grande fête qui venait conclure le premier Congrès Franco-Parole, et malheureusement [les fondateurs de Prise de parole] n’avaient peut-être pas beaucoup d’expérience et le livre n’était pas prêt à ce moment-là.
L’ouvrage a plutôt été présenté à un congrès de l’Association canadienne-française de l’Ontario, aujourd’hui l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), début mai.
Denis St-Jules raconte que l’invitation a alors été lancée aux auteurs.
C’est le moment maintenant qu’on a une maison d’édition chez nous de sortir ces manuscrits qui prennent la poussière dans des tiroirs un peu partout chez vous. Envoyez-nous ça et on va entreprendre une démarche de publication, cite M. St-Jules.
Un début modeste
Au départ, la maison d’édition existait surtout dans la cuisine de celui qui avait les boîtes, se souvient Denis St-Jules.
La maison a surtout été portée par des gens comme Claude Belcourt et Yvan Rancourt, qui ont publié des livres avec une machine à écrire dans les locaux de l’Université Laurentienne, raconte-t-il.
Il souligne aussi l’importante contribution de Robert Dickson, pendant les quelques années où Gaston Tremblay était parti étudier.
Prise de parole aura finalement pignon sur rue en 1978, dans un bureau du Centre des jeunes de Sudbury (aujourd’hui le Carrefour francophone).
M. Tremblay, de retour à Sudbury, deviendra à ce moment directeur général et éditeur, poste qu’il occupera pendant 10 ans.
Il passera alors beaucoup de temps à dénicher les auteurs, poètes et dramaturges, aujourd’hui renommés, racontent Denis St-Jules et Johanne Melançon.
Ils citent en exemple Patrice Desbiens et Jean Marc Dalpé.
Changement de garde
Gaston Tremblay a été remplacé par denise truax en 1988. Elle occupe encore aujourd’hui ce rôle de directrice générale, en tandem avec Stéphane Cormier
Mme truax est aussi directrice de l’édition, avec l’appui de Chloé Leduc-Bélanger depuis 2019, ainsi que de Sonya Malaborza pour les provinces de l’Atlantique.
Le projet Lieux-dits met en scène l’élément d’une passation. [L’ouvrage] Lignes-Signes a ouvert la voie et marqué les 50 première années. Lieux-dits va être d’une certaine façon un clin d’œil sur les années qui viennent, souligne denise truax.
Pour sa part, Chloé Leduc-Bélanger, l’éditrice et responsable des projets spéciaux, estime que la mission est de faire rayonner à la fois les œuvres de l’Ontario français, de l’Ouest et de l’Acadie. Nous sommes le reflet de la créativité de l’Ontario français et du Canada français.
Place aux femmes
Pour sa part, Denis St-Jules note que la maison d’édition a pris un virage féministe. Cela est tout à fait normal et nécessaire, souligne-t-il.
« La parole des femmes est beaucoup plus grande aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque. »— Une citation de Denis St-Jules
Pour lui, les 50 ans de la maison d’édition sont également ceux de la voix des femmes.
Nous avons fait une immense place aux femmes qu’il n’y avait vraiment pas au début, affirme pour sa part Chloé Leduc-Bélanger, l’éditrice et responsable des projets spéciaux.
Un mandat d’animation culturelle
Johanne Melançon souligne quant à elle le rôle de Prise de parole dans la diffusion de la culture francophone.
Quand on y repense, là, en 1973, la radio de Radio-Canada n’était pas à Sudbury (NDLR : la station CBON a ouvert ses portes en 1978). Donc comment on faisait pour parler de la littérature?
Mme Melançon affirme que Prise de parole s’est donc mise au service de tous les créateurs littéraires franco-ontariens.
Elle s’est toujours préoccupée, non seulement de publier, mais aussi de faire la promotion, d’organiser des événements, des lancements, donc toutes ces occasions où les lecteurs et les lectrices peuvent rencontrer ceux et celles qui les ont fait rêver, qui ont écrit ces livres-là.
En constante réinvention
Lucie Hotte, professeure titulaire au Département de français et directrice du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes de l’Université d’Ottawa, souligne la capacité de Prise de parole à évoluer.
Elle note que la maison d’édition ne s’est pas contentée de publier des textes à forte connotation identitaire.
Mme Hotte, dans ses travaux de recherche, souligne un tournant important avec la publication de la pièce Le chien, de Jean Marc Dalpé.
C’est la fin de ce qu’on appelle la littérature identitaire, explique la professeure.
Les lecteurs et la critique mettaient beaucoup l’accent sur une littérature franco-ontarienne qui part de l’Ontario français, poursuit-elle.
Avec Le chien, on rentre vraiment dans une littérature plus individualiste, centrée sur des personnages qui habitent l’Ontario, comme si c’est tout à fait normal d’habiter l’Ontario, mais auparavant ils étaient toujours liés à une revendication.
L’œuvre a d’ailleurs été la première de l’Ontario français à être récompensée par le prix du gouverneur général, rappelle M. Dalpé.
C’est le prix pour toute une génération, toute une génération de nouveaux créateurs, de gens qui se sont engagés politiquement aussi dans la cause franco-ontarienne, qui arrivait à maturité.
Au fil des années, Prise de parole a ouvert ses portes à des auteurs d’ailleurs dans la francophonie canadienne, ainsi qu’aux immigrants et aux Autochtones.
Dans ce dernier cas, Lucie Hotte donne en exemple la pièce Dry Lips devrait déménager à Kapuskasing, de l’écrivain Tomson Highway, traduite en français par Jean Marc Dalpé.
Chez Prise de parole, il y a un véritable désir de nouer des liens avec les gens avec qui on partage la vie, avec qui on partage le territoire, confie M. Dalpé.
Le dramaturge témoigne aussi de l’importance de traduire ces textes classiques, comme du Shakespeare. Mes amis [québécois] vont me dire « Oh, tu traduis en québécois », et je dis non, en franco-ontarien.
« La maturité d’une culture, d’un peuple, tu sais, c’est d’assumer sa position dans l’éventail des langues et des nuances des langues. »— Une citation de Jean Marc Dalpé
Au sujet de denise truax, pilier de la maison d’édition depuis 35 ans, Mme Hotte souligne qu’elle a su bien s’entourer, notamment pour assurer une relève lorsqu’elle décidera de faire autre chose que de s’occuper de Prise de parole.
J’ai toujours eu une grande fierté de voir la maison continuer et de connaître énormément d’essor, admet Denis St-Jules. Sous la direction de denise truax, la maison s’est vraiment professionnalisée. La maison aussi s’est ouverte sur le Canada français à l’extérieur de l’Ontario.
J’ai toujours une certaine crainte qu’avec cette ouverture sur le monde, et avec les possibilités technologiques aujourd’hui, à un moment donné la maison d’édition ne soit plus nécessairement une maison de Sudbury, confie M. St-Jules.
Mais je sais, en tout cas j’ai de gros espoirs, que la maison continuera d’être la maison d’édition franco-ontarienne installée à Sudbury avec une ouverture bien sûr sur la francophonie canadienne plus grande, conclut l’ancien professeur et animateur radio.
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RADIO-CANADA – Laurent Rigaux, publié le 4 mai 2023
Des élèves de 10e année en immersion à l’école Colonel Gray, à Charlottetown, ont présenté, mercredi 3 mai, leur version de l’Acte de l’Amérique du nord britannique de 1867. Devant la lieutenante-gouverneure de l’Île-du-Prince-Édouard Antoinette Perry, ils ont détaillé, en français, leur vision du Canada, une vision notamment plus inclusive.
Jean-Paul Pendergast enseigne pour la première fois l’Histoire en 10e année, un programme d’études où la Confédération canadienne occupe une grande place. Pour l’enseignant avide d’initiatives originales, il y a mieux à faire que de juste apprendre des dates.
J’aime travailler plutôt avec des projets que simplement de l’apprentissage didactique et des tests ou des examens, explique-t-il.
Le programme nous demande vraiment d’examiner la perspective historique et les causes et effets. Alors je me suis demandé ce qu’auraient pensé les élèves de la Confédération s’ils savaient vraiment ce que c’était, qui était représenté, qui n’était pas représenté, poursuit Jean-Paul Pendergast.
Il a donc réparti ses élèves dans six groupes, chacun représentant une province actuelle, soit l’Ontario, le Québec et les quatre provinces de l’Atlantique.
Trois groupes supplémentaires ont été créés pour représenter des groupes absents des discussions à l’époque de la création de la Confédération : les Premières Nations, les femmes et les minorités.
En classe, les élèves ont débattu entre eux des privilèges à accorder à chaque groupe dans le cadre d’une union, dans un format similaire à la Conférence de Charlottetown de 1864.
C’était super intéressant de voir les débats, les disputes, le travail que les élèves faisaient pour, soit gagner ce qu’ils voulaient pour leur groupe, soit pour ne pas laisser les autres avec trop d’avantages, raconte l’enseignant.
Devant Antoinette Perry, les élèves ont présenté le résultat de leurs débats. L’égalité pour les femmes, le respect pour les Premières Nations, pas de discrimination pour les personnes de couleur, la vision des jeunes est inclusive.
Défendre son point de vue
Elle est aussi pragmatique. La Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick affirmant haut et fort leur souhait de bénéficier du chemin de fer pour leur économie, le Québec défendant ardemment des droits linguistiques, culturels et religieux spécifiques.
Isabelle MacKinnon, du groupe des femmes, tire de l’expérience une plus grande connaissance sur l’égalité des sexes au 19e siècle.
Ma mère et ma grand-mère m’ont dit comment la vie était dans le passé, ça m’a ouvert les yeux. Il y a toujours du travail à faire, témoigne l’adolescente.
Alexander MacDougall est quant à lui très fier d’avoir défendu le point de vue de l’Île. Même si on a une population très petite, on a encore une grande influence sur le Canada, affirme-t-il.
L’adolescent n’avait jamais défendu un point de vue politique auparavant. Il trouve incroyable et amusant le fait de présenter son opinion directement à Antoinette Perry.
Antoinette Perry enchantée
La lieutenante-gouverneure se réjouit d’un exercice pas mal fantastique. Dans son discours aux élèves, elle a insisté sur l’importance de sauvegarder notre démocratie en s’impliquant dans la communauté et surtout en exerçant son devoir de vote.
C’est un message qui résonne aux oreilles d’Isabelle MacKinnon : Je pensais que voter ce n’était pas très important, si je suis honnête.
Au-delà de connaissances historiques, l’exercice inventé par Jean-Paul Pendergast développe les habiletés des élèves en communication, collaboration, créativité et bien sûr en français, en donnant l’opportunité d’utiliser cette langue hors des murs de l’école.
« Lorsqu’on donne aux élèves une occasion authentique d’utiliser leur français devant la lieutenante-gouverneure qui est francophone, je pense que c’est pas pire. »— Une citation de Jean-Paul Pendergast
L’enseignant confie qu’il veut absolument reconduire l’expérience l’an prochain.
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RADIO-CANADA – Alix Villeneuve, publié le 4 mai 2023
Un citoyen de Fredericton croit que l’accès à une garderie dans sa langue est un droit garanti par la constitution. Il estime que celui-ci est bafoué au Nouveau-Brunswick et cherche un recours pour défendre les droits des francophones.
Selon plusieurs experts acadiens, la garderie est le début du continuum de l’éducation. Ainsi, comme offrir l’éducation dans sa langue est un droit, garantir l’accès à des services de garderie dans sa langue serait également une obligation pour le gouvernement du Nouveau-Brunswick.
Nicolas Carrière, ancien président du conseil d’administration d’une garderie de Fredericton, est du même avis. Il cherche à faire appliquer ce droit qu’il croit bafoué dans la province.
La commissaire interpellée
En mars, Nicolas Carrière a donc interpellé le Commissariat aux langues officielles, qui veille à la protection des droits linguistiques au Nouveau-Brunswick.
Par courriel, il a fait valoir ses arguments : la Loi sur l’éducation protège l’accès des familles francophones à une éducation en français à partir de la maternelle. Toutefois, aucune protection n’existe pour assurer un accès à l’éducation à la petite enfance, au niveau préscolaire. Ce manque de protection peut favoriser une assimilation des francophones, a-t-il-écrit.
Selon lui, le commissariat était capable de faire avancer sa cause.
Je me suis dit, si le Commissariat aux langues officielles est capable de reconnaître que c’est un problème et qu’il peut agir là-dessus, ça va être un moyen d’amener du changement positif pour les francophones, explique le père de famille.
Plainte non recevable
En avril, le Commissariat lui a répondu que sa plainte était non recevable. Le mandat du bureau se limite à l’application de la Loi sur les langues officielles, qui exclut les institutions de petites enfances.
Nous n’avons donc aucun droit de regard, résume la commissaire Shirley MacLean, dans la réponse envoyée au citoyen.
Nous vous encourageons à exprimer vos préoccupations au ministère si vous ne l’avez pas déjà fait, ajoute-t-elle plus loin dans sa réponse.
Le ministre renvoie la balle aux tribunaux
La vocation éducative des garderies du Nouveau-Brunswick est reconnue par la province.
On a un système d’éducation de la petite enfance. Ce n’est pas seulement des garderies, indiquait par exemple l’ancien ministre Dominic Cardy en avril 2022. L’appellation garderie éducative est d’ailleurs fréquemment utilisé par les communications du gouvernement.
Or, le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, Bill Hogan dit que la province n’a pas l’obligation de garantir l’accès à ces services dans les deux langues, bien qu’il ne soit pas contre le principe.
Je suis d’accord avec ça, mais c’est quelque chose qui est choisi par la Cour. […] Si la Cour décide que les droits constitutionnels comprennent les garderies de la petite enfance, on va le respecter, a-t-il indiqué en mars dernier.
Mais se tourner vers les tribunaux, un processus souvent très long et complexe, n’est pas raisonnable selon Nicolas Carrière.
Moi je suis un professionnel, j’ai un emploi, ma femme a un emploi. Notre horaire du temps est assez chargé entre les cours de gymnastique, faire à manger, travailler…
« Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour aller en cours et voir si le gouvernement a une obligation ou pas! »— Une citation de Nicolas Carrière
Nicolas Carrière avoue ne pas savoir vers qui se tourner. Où est-ce qu’on peut aller faire valoir nos droits? À quelle porte est-ce qu’on peut aller cogner pour aller chercher des résultats positifs pour les francophones?, se demande-t-il.
Je pense que la dernière chose qui me reste à faire c’est d’interpeller le président de la SANB, croit-il. Selon lui, l’organisme acadien à une expertise dans le domaine et pourrait diriger ses prochaines démarches. On en arrive à la conclusion que ce n’est pas un droit qui est protégé.
Les tribunaux sont une option, dit la SANB
Le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick n’exclut pas de se tourner vers les tribunaux pour confirmer le droit d’accès aux garderies, mais il ne s’engage pas.
C’est toujours une option. On a un rôle de justement défendre les intérêts et les droits des Acadiens et des francophones de la province, explique Alexandre Cédric Doucet.
Il pense également que le commissaire fédéral sur les langues officielles pourrait être interpellé, même si la petite enfance est de juridiction provinciale.
Parce que le fédéral, à l’intérieur de la loi sur les langues officielles, a une obligation de s’engager dans le développement des communautés francophones en dehors du Québec.
Augmenter le pouvoir de la commissaire
Selon Alexandre Cédric Doucet, il faudrait également augmenter les pouvoirs de la commissaire provinciale sur les langues officielles pour qu’elle puisse s’intéresser aux questions comme l’accès aux garderies.
C’était une des recommandations que la communauté acadienne et francophone avait faite pendant le processus de révision de la loi. On voulait la fusion de la loi sur les langues officielles et la loi sur les deux communautés linguistiques officielles.
Le projet de loi C-11 a reçu la sanction royale la semaine dernière, devenant officiellement la Loi sur la diffusion continue en ligne. Cette nouvelle réglementation vient modifier la Loi sur la radiodiffusion, qui n’avait pas été mise à jour depuis 1991. ONFR+ a sondé différents intervenants pour en comprendre les impacts.
Le but de la Loi surla diffusion continue en ligne est d’obliger le financement et la promotion du contenu canadien par les plateformes comme Netflix, Spotify et YouTube. Le gouvernement souhaite les soumettre à des règles comparables à celles qui incombent aux radiodiffuseurs traditionnels.
Mais l’impact de C-11 ne se fera pas ressentir tout de suite. Le gouvernement doit faire parvenir un décret d’instructions au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), qui précisera les directives générales de l’application de la loi. Il y aura ensuite une étape de consultations publiques. Les citoyens pourront donner leur avis et les différentes associations de créateurs comptent veiller au grain.
Il est encore difficile de prédire l’impact de la nouvelle loi dans les détails, mais nous pouvons affirmer certaines choses. D’abord, le texte nomme explicitement les communautés de langues officielles en situation minoritaire (CLOSM), qui pourraient bénéficier d’une visibilité accrue. Le CRTC devra établir un processus de consultation plus clair pour permettre aux représentants des CLOSM de s’exprimer sur les enjeux qui les touchent.
Ensuite, la loi devrait favoriser la souveraineté culturelle, c’est-à-dire imposer aux grandes entreprises étrangères d’investir dans des projets canadiens, en s’assurant que la propriété intellectuelle reste canadienne.
La Loi sur la diffusion continue en ligne s’applique aux plateformes et non à leurs utilisateurs.
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FRANCITÉ – Mehdi Jaouhari, publié le 3 mai 2023
Les francophones de l’Alberta se mobilisent pour mettre en avant leurs enjeux lors des élections provinciales qui auront lieu le 29 mai prochain.
Pour les francophones en milieu minoritaire, peser sur la politique provinciale est loin d’être une mince affaires. Surtout lorsqu’il s’agit d’élections provinciales comme en Alberta présentement. C’est la raison pour laquelle l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) a lancé hier une campagne de mobilisation citoyenne des citoyens francophones intitulée « Dites bonjour ! ». Objectif fixé : accroître la visibilité de la francophonie albertaine pendant la campagne électorale provinciale.
« Au fil des ans, nous avons bien vu l’importance de démontrer qu’il y a des francophones aux quatre coins de la province, de soulever les enjeux de nos communautés mais aussi de proposer des pistes de solution. Tous ensemble, nous pouvons assurer que la francophonie albertaine soit une priorité du prochain gouvernement », explique Pierre Asselin, président de l’ACFA.
Six enjeux prioritaires
Concrètement, les citoyens et les organismes franco-albertins sont appelés à contacter et échanger avec les candidats de tous les partis politiques afin de mettre en avant l’un des six enjeux prioritaires identifiés par leur organisme porte-parole. Il s’agit par exemple de l’augmentation de l’offre dans les services de garde et dans les écoles francophones de l’Alberta, un sujet crucial pour les familles et les parents. N’étant pas en reste, l’immigration francophone, l’éducation postsecondaire ainsi que les services en santé et en justice comptent aussi parmi les enjeux prioritaires.
Pour faciliter le déroulement de la campagne « Dites bonjour », l’ACFA a crée une nouvelle page dédiée aux élections sur son site web. On y trouve, entre autres, la liste complète des candidats ainsi que la procédure mise en place par Élections Alberta pour voter en Français.
Notons, enfin, que les enjeux prioritaires des franco-albertins sont le fruit de consultations menées en 2021-2021 et détaillées dans le plan d’actions de la francophonie albertaine 2023-2028.
Tourné vers des solutions, ce dernier se veut aussi une lentille francophone pour les décideurs et les acteurs peu familiers avec les enjeux de la francophonie albertaine.
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RADIO-CANADA – Gabriel Nikundana, publié le 3 mai 2023
Plusieurs initiatives sont actuellement menées à Windsor pour aider les demandeurs d’asile dans la communauté francophone. Divers organismes collectent notamment des habits, des livres en français, des jouets ainsi que des meubles et des dons en argent.
C’est une initiative qui vient de ma famille. On est en train de rejoindre toutes nos communautés pour être capable de mieux aider de façon plus efficace, explique Danielle Parent, initiatrice du projet Asylum Seekers Project.
La famille Parent affirme avoir choisi d’aider 20 familles francophones à Windsor.
« On aimerait leur fournir la base nécessaire pour pouvoir commencer à s’établir à Windsor. »— Une citation de Danielle Parent, responsable du projet Asylum Seekers Project.
Elle a déjà collecté des lits, des matelas, des meubles et du matériel de cuisine.
Selon Mme Parent, la collecte des dons en argent est aussi en cours pour pouvoir fournir le matériel de base complet à chaque famille.
On va utiliser des dons en argent à 100 % pour acheter des produits qui manquent , rassure-t-elle.
Selon elle, lorsque l’une ou l’autre famille quittera l’hôtel, chacune aura tout le matériel nécessaire pour meubler sa maison.
Le Comité local en immigration francophone (CLIF) quant à lui a déjà collecté des habits, et divers articles qui sont stockés dans deux grandes salles.
Selon sa présidente Yasmine Joheir, son organisme prévoit servir plus d’une cinquantaine de familles .
Tout le matériel collecté sera distribué au cours des trois derniers jours de la première semaine de mai.
Selon Mme Joheir, le travail en synergie dans la recherche de moyens pour aider les demandeurs d’asile ainsi que des membres des communautés moins nanties produirait de meilleurs résultats.
Avoir un service sous le même toit, je pense qu’on serait beaucoup plus efficace, pense Mme Joheir.
Son organisme travaille en étroite collaboration avec le Windsor Family Health Centre pour collecter et distribuer notamment des poussettes et des sièges d’auto dont les jeunes parents ont besoin pour leurs enfants.
En moyenne, nous avons déjà desservi dix jeunes mamans, explique Mme Joheir.
Elle n’exclut pas de travailler avec Mme Parent.
Bravo pour son initiative et peut être qu’on pourra travailler en équipe. Je lui lance l’invitation, dit Mme Joheir.
« Chacun a une expertise bien définie. Je pense que l’union fait la force. On va démontrer aux bailleurs de fonds qu’on n’a qu’une seule voix et qu’on travaille ensemble pour un meilleur service. »— Une citation de Yasmine Joheir, présidente du CLIF
De son côté, Mme Parent est en train de réfléchir sur les partenaires potentiels avec lesquels elle pourrais travailler afin de mener à bien son projet familial.
Héros dans l’ombre
Anifa Esther Bangalaso est arrivée à Windsor en mars 2023. Elle salue le travail que les organismes locaux font pour contribuer à la bonne intégration des demandeurs d’asile.
Ces organismes sont des héros dans l’ombre. Ce que je serai peut être demain, ça sera grâce à eux. Parce qu’ il y avait un organisme sur mon chemin, fait-elle remarquer.
Elle est inscrite en 12e année à l’école des adultes du Conseil scolaire catholique providence à Windsor.
« Ma priorité en ce moment est d’aller à l’école, apprendre et avoir un bagage intellectuel pour pouvoir gagner beaucoup d’argent dans le futur. »— Une citation de Anifa Esther Bangalaso, demandeure d’asile.
Elle espère pouvoir obtenir son permis de travail d’ici trois semaines.
Je peux travailler peut-être vendredi, samedi et dimanche. Lundi je rentre à l’école, insiste-t-elle.
Selon elle, c’est grâce aux Centre communautaires francophone de Windsor-Essex et le CLIF qu’elle a pris une bonne décision. Ces organismes jouent un très grand rôle, conclut-elle.
Le centre de santé de Clare, en pleins travaux d’agrandissement, se présente comme un modèle de regroupement des services de santé en français en Atlantique.
Dans ce centre de santé financé par la municipalité, les conversations se déroulent tantôt en français, tantôt en anglais.
La docteure Gisèle Dugas passe ainsi en revue, en français avec ses collègues médecins, les dossiers des patients de la communauté acadienne de Clare, dont elle s’occupe.
Son collègue Samuel Martin y achève un internat en médecine familiale avant d’aller poursuivre sa pratique à Halifax.
C’est un endroit français et je voulais pratiquer dans un endroit français, explique-t-il.
La Dre Dugas précise que c’est en partie pour cela qu’il a été recruté.
Pour les patients, s’exprimer dans leur langue maternelle, c’est vraiment important parce que c’est ça qui est naturel pour eux puis ils vont sortir avec des expressions que, si tu es un médecin de l’extérieur, tu ne vas peut-être point comprendre, dit-elle.
Originaires de la communauté
Quand elle a commencé son travail de médecin il y a 16 ans, la Dre Dugas était seule dans son cabinet, mais quand la municipalité a construit le centre de santé un an plus tard, elle y a trouvé une occasion de collaborer avec d’autres travailleurs de la santé.
Presque tous nos médecins viennent de la région de Clare, donc en termes de recrutement, c’est beaucoup plus facile pour la rétention des médecins s’ils viennent de la région parce qu’ils savent à quoi s’attendre par ici, se réjouit-elle.
Notre focus, c’est offrir un service bilingue et un service constant, explique le préfet de la municipalité, Yvon LeBlanc. Le monde qui a un docteur là peut se rendre voir leur docteur de famille dans des temps pas trop élevés.
Le député libéral de la circonscription acadienne protégée de Clare, Ronnie LeBlanc, rappelle que les récents transferts financiers en santé consentis par Ottawa sont assortis d’indicateurs sur les services dans la langue de la minorité.
Quand le centre de santé de Clare a vu le jour, Ronnie LeBlanc était alors conseiller municipal. Il se souvient que l’offre de services de santé en français était déjà une priorité.
C’est la même question qui se pose, je pense, aujourd’hui : c’est une communauté minoritaire francophone et c’est important pour la communauté d’avoir accès à des médecins de famille qui pourront servir la communauté en français, martèle-t-il.
Il espère que l’argument du bilinguisme achèvera de convaincre le gouvernement progressiste-conservateur, qui prévoit répondre à la demande de financement dans le mois qui vient.
Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.
FRANCITÉ – Mehdi Jaouhari, publié le 2 mai 2023
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a reconnu hier le mois de mai 2023 comme étant le mois de la francophonie provinciale au grand bonheur des Franco-Terre-Neuviens-et-Labradoriens.
C’est un bon coup de visibilité pour les francophones de Terre-Neuve-et-Labrador. Le gouvernement provincial a reconnu le mois de mai 2023 comme étant le mois de la francophonie dans la province de l’Atlantique où la présence francophone date de plus de 500 ans.
La proclamation de cette reconnaissance a été signée, lundi 1er mai à Saint-Jean, par la ministre en charge des affaires francophones Sarah Stoodley et le directeur général de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL) Gaël Corbineau.
« Le mois de mai est traditionnellement celui où l’on célèbre depuis 1999, la Journée de la francophonie provinciale, et en 2023, notre francophonie est ainsi reconnue pour un mois complet » se réjouit Sophie Thibodeau, présidente de la FFTNL dans un communiqué publié à l’occasion.
« Cette reconnaissance nous incite à regarder un instant en arrière, afin de contempler l’étendue des avancées que nous avons collectivement effectuées ces cinq dernières décennies, après que des bâtisseurs, fiers de leur langue et de leur culture, se soient mobilisés pour mettre en place les premiers organismes pour œuvrer à la défense et au développement de nos communautés. Et même s’il nous en reste encore beaucoup à faire, nous pouvons nous réjouir d’avoir déjà accompli un long chemin! », conclut-elle.
Par ailleurs, la reconnaissance du mois de mai 2023 comme celui de la francophonie de la province est aussi un geste du gouvernement dans le sillage du 50e anniversaire du mouvement communautaire francophone à Terre-Neuve-et-Labrador.
Pour les férus de l’histoire de la francophonie canadienne, et particulièrement celle de Terre-Neuve-et-Labrador, la FFTNL suggère quelques ouvrages passionnants qui retrace plus de cinq siècles d’héritage et de patrimoine francophone et acadien.
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ONFR+ – Rachel Bolduc-Crustin, publié le 2 mai 2023
Dans l’imaginaire collectif, la langue française glisse sur une longue pente qui la mènera éventuellement à sa perte. Mais visons-nous la bonne cible lorsque nous pointons le langage parlé des jeunes, les anglicismes ou le franglais ? Rien n’est moins sûr lorsque nous regardons la situation d’un point de vue sociolinguistique.
Partout au pays, le déclin du français est vu comme un constat indiscutable. Récemment encore, de nouvelles données de Statistiques Canada montraient une certaine diminution du nombre de locuteurs unilingues francophones et du pourcentage de population bilingue en Ontario. En 2022, un sondage Ipsos commandé par Radio-Canada révélait que plus de 60 % de la population franco-ontarienne estimait que le français était en déclin.
Mais lorsqu’on parle de « déclin », on omet souvent de définir le terme. Parle-t-on du nombre de locuteurs, du poids démographique, de la qualité de la langue parlée ou écrite ou de l’accès aux services en français ? Tous ces aspects méritent une analyse qui va au-delà de l’impression ou de la lecture de données démographiques.
ONFR+ s’est entretenu avec la professeure éminente et directrice du laboratoire de sociolinguistique de l’Université d’Ottawa, Shana Poplack, et la coordonnatrice de la recherche du labo, Nathalie Dion. Leur travail consiste à remettre la langue dans son contexte social.
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RADIO-CANADA – Francesca Mérientié, publié le 29 avril 2023
Dans un restaurant ou un bar, depuis des années, des rencontres francophones sont organisées au sein de la communauté torontoise. Leurs points communs sont le réseautage, les soupers et la bonne bière. Pour certains, c’est l’occasion de pratiquer le français. Pour d’autres, c’est l’immersion et le réconfort dans la langue maternelle.
Jacques Charette est originaire de la ville de Salaberry-de-Valleyfield au Québec. En 1992, il arrive à Toronto pour affaires. Il y découvre une ville dépourvue d’activités francophones ponctuelles. Il n’y avait pas beaucoup de trucs francophones, se souvient-il. Il y avait des organismes francophones, mais ce n’était pas aussi structuré que de nos jours, ajoute-t-il.
« Je ne voulais pas me faire assimiler au bout de quelques années comme je l’observais chez beaucoup de gens. Des fois, on était une soixantaine à socialiser en français. »— Une citation de Jacques Charette, Toronto
Inspiré par un souper organisé par des fonctionnaires bilingues auquel il assiste, Jacques Charette décide de reprendre le concept en donnant l’accès autant aux francophones qu’aux francophiles.
Il s’agit des soupers francofuns qui, plus tard, donnent naissance aux mercredis francofuns des rencontres entre Franco-Ontariens, Québécois et nouveaux arrivants. C’était devenu un endroit où beaucoup de couples se formaient.
Pour contacter les francophones, il crée une liste contenant des noms et des numéros de téléphone. M. Charette doit les appeler un à un. C’était un travail de moine. Il n’y avait pas Internet, explique-t-il.
« Cette liste augmentait au fur et à mesure; jusqu’à plus de 500 personnes. Il fallait trouver des bénévoles qui venaient pour appeler. Ensuite, j’ai eu une petite annonce gratuite dans L’Express, des annonces à Radio-Canada. »— Une citation de Jacques Charette, Toronto
L’aventure va durer près de 30 ans et sera interrompue par la pandémie.
Passer le flambeau
Le besoin d’activités sociales en raison des répercussions de la pandémie a poussé Florent Perret et son amie Léa Plazanet à créer également de leur côté de nouvelles rencontres francophones. Avec la COVID, plein de gens sont repartis et on avait envie de rencontrer des gens, explique Mme Plazanet.
Leurs appels à participation ont pris naissance d’abord sur WhatsApp. Ensuite, ils ont créé des pages sur les réseaux sociaux. Les pages ChaTOn Events sur Facebook et Instagram leur ont permis de rassembler les francophones et francophiles de la région de Toronto.
Jade Pineau est une habituée des rencontres organisées par Florent Perret et Léa Plazanet. J’ai eu l’occasion de créer de vraies relations amicales. On se voit en dehors des rencontres francophones, dit-elle.
Cécile Bernard explique avoir participé à des rencontres francophones qui lui ont permis de se créer des points d’ancrage dans la communauté. Ça rassure beaucoup, dit-elle au sujet des soirées entre francophones.
Celle qui est arrivée en janvier a pu même obtenir des emplois grâce à cet espace de réseautage. J’ai rencontré le directeur de l’Alliance française avec lequel je travaille maintenant, raconte-t-elle.
Il en est de même pour Astrid Moulin, qui trouve dans ces réunions l’inspiration pour créer ses billets. Ces derniers parlent de voyage et proposent des astuces pour bien s’installer à Toronto.Début du widget YouTube. Passer le widget?
Elle les publie sur son site web FringinTo et sur les réseaux sociaux. Les gens, quand je les voyais, me disaient « on aime bien ce que tu partages, mais est-ce que tu pourrais parler de ça aussi? » affirme-t-elle.
Elle vit en Ontario depuis quatre ans.
D’abord participante, Mme Moulin est devenue ensuite bénévole et organise désormais à son tour des soirées pour les francophones.
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FRANCITÉ – Mehdi Jaouhari, publié le 1er mai 2023
Rendez-vous incontournable de la communauté fransaskoise, le Festival Fransaskois revient pour une 40e édition au parc provincial Pike Lake dans les environs de Saskatoon.
« Femmes d’ici ». C’est le thème choisi par le Centre culturel fransaskois (CCF) pour la 40e édition du Festival Fransaskois qui aura lieu du 7 au 9 juillet 2023 au parc Pine Lake pas loin de Saskatoon.
Selon les organisateurs, l’événement va célébrer la culture et la communauté, entremêlant des artisans et artistes avec le public, lors d’une fin de semaine de rassemblement et de convivialité.
Des artistes québécois
« En plus de faire rayonner les rythmes et artistes francophones, nos partenaires vous feront sourire tout en créant des souvenirs magiques dans le cadre de leurs activités originales. », promet le CCF au public dans le communiqué d’annonce.
Parmi les têtes d’affiches de l’édition 2023, nous retrouvons le duo bilingue d’électro pop Beau Nectar, qui regroupe une artiste fransaskoise et son acolyte franco-ontarienne.
Originaire des Bermudes d’où elle tire l’appellation de son projet artistique Bermuda, l’artiste basée au Québec fera découvrir aux fransaskois des sonorités mêlant funk, rap et pop.
Composé d’un trio d’artistes aux parcours différents, le groupe montréalais Afrikana Soul Sister fera vibrer les festivaliers aux rythmes d’Afrique avant de céder la scène au groupe québécois de musique folk traditionnelle Bon Débarras qui clôturera le festival.
L’organisme des femmes francophones de la Saskatchewan ENTRE’ELLES apportera également sa pierre à l’édifice du Festival Fransaskois 2023 à travers diverses activités mettant en avant les Fransaskoises.
Francité vous suggère de visionner cette vidéo de Salut Canada pour découvrir à quoi ressemble le Festival Fransaskois.
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ONFR+ – Lila Mouch-Essers, publié le 29 avril 2023
Phil Rivière est le youtubeur derrière la chaîne AppelezMoiPhil. Depuis plusieurs années, il propose du contenu varié sur les francophonies canadiennes. Fier Franco-Ontarien, il lutte à sa façon pour promouvoir l’Ontario français. Un de ses objectifs : prouver à Denise Bombardier que les francophones hors Québec n’ont pas disparu. Membre du collectif Le Réveil, il est le récipiendaire du Prix Huguette-Parent, décerné par le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) en février dernier.
« En 2011, à l’âge de 10 ans, vous avez créé votre chaîne YouTube AppelezMoiPhil, dans laquelle vous parlez des luttes franco-ontariennes et de la francophonie canadienne. Comment est venue l’idée de supporter la cause franco-ontarienne à un si jeune âge ?
Même si je suis né au Québec, j’ai grandi ici, en Ontario. Je ne suis pas quelqu’un d’investi dans la culture québécoise et ça s’explique parce que, ce qui m’entourait pendant mon adolescence, c’est l’Ontario. C’est vraiment ma maison, là où j’ai créé ma culture d’aujourd’hui. C’est là où je me suis fait le plus d’amis aussi. Je me suis construit ici, en tant que jeune francophone.
Alors, quand j’ai eu 10 ans, effectivement, nous avons quitté le Québec pour Kingston en Ontario. Mon père est militaire, plusieurs membres de ma famille ont été dans l’armée. Je ne savais pas ce qui se passait. J’avais peur de perdre mes amis. Puis là, c’était comme un gros choc linguistique, avec le fait que tout le monde autour de moi parle en anglais. Quand l’école a commencé en septembre, on m’a envoyé dans une école francophone et en fait, je ne m’étais jamais senti aussi inclus. Avant ça, je me suis toujours senti exclu. Je pense que c’est ça qui a initié mon intérêt.
L’accueil que j’ai eu, représente tellement l’essence de la communauté franco ontarienne. Dès mon enfance, j’ai compris les combats autour de moi et je m’y suis intéressé. Je m’identifie comme Franco-Ontarien. Prendre part à lutte me paraissait déjà évident.
La plateforme YouTube AppellezMoiPhil a-t-elle toujours eu cette vocation ?
Au départ, ce n’était pas vraiment sérieux. Je faisais du gaming, des animations, des vidéos un peu bêtes, mais, à un moment donné, j’ai eu envie de faire des vidéos sur des enjeux qui me tenaient plus à cœur. J’ai commencé avec « Quelles différences entre la France et le Canada ? », « C’est comment être francophone dans une province anglophone ? ». En 2021, j’ai publié une vidéo sur les francophones hors Québec et ça a complétement explosé : 84 000 vues !
Aujourd’hui, en quoi est-ce crucial pour vous de faire la promotion de la culture franco-ontarienne, dans vos contenus et dans la manière dont vous le faites ?
C’est très important pour moi parce que ça me choque encore. Je vis à Orléans, là où les anglophones ont essayé d’enlever l’accent (Rires). Il y a deux jours, je suis allé dans une clinique à Orléans, et ils n’ont même pas été capables de me servir en français. C’est une insulte pour moi. Ce sont de petites affaires de la vie de tous les jours qui me poussent à me battre. Ce n’est pas facile d’être francophone en Ontario. En parler sur ma chaîne, c’est aussi une façon de briser le plafond de verre.
Si je veux parler de la francophonie en contexte minoritaire, c’est parce que je suis poussé par les injustices du système et par un gouvernement qui vient nous couper des services en utilisant l’excuse du manque de fonds. Ce n’est d’ailleurs pas une bonne excuse selon moi.
Quelle vision ont les anglophones des francophones, selon vous ?
Je crois que certains anglophones pensent que parler français, c’est une joke. Je pense qu’ils ne sont absolument pas éduqués au fait français. Je ne veux pas généraliser, mais de mon expérience, les jeunes anglophones qui sont plus ouverts aux causes sociales, vont quand même dire : « Speak English, it’s more simple », comme si ma partie francophone n’était pas nécessaire, parce que je vis dans une province anglophone.
Le commissaire aux langues officielles a produit un rapport préliminaire qui fait état de recommandations émises en 2019. Ces directives donnent suite à trois enquêtes concernant neuf plaintes déposées contre l’Administration des aéroports régionaux d’Edmonton (AARE) entre 2017 et 2018.
Les six recommandations du commissaire aux langues officielles, dans ce rapport obtenu par Radio-Canada, sont considérées comme étant [mises] en oeuvre à l’exception d’une seule, qui vise la qualité linguistique de la documentation du site web de l’aéroport.
« Lorsqu’on utilise la fonction de recherche dans la version française du site, la page de résultats présente le titre des pages en français, mais la description est affichée en anglais. »— Une citation de Commissariat aux langues officielles
Sur le site francophone, il est encore possible de voir des photos qui montrent des affiches uniquement anglophones.
Certains liens vers des sites web externes, y compris des sites du gouvernement fédéral, mènent à des pages en anglais.
Selon le rapport, la version française du site internet de l’aéroport était auparavant créée à l’aide de Google Traduction. Deux traducteurs professionnels réviseraient maintenant chaque traduction, d’après l’AARE.
Dans une réponse par courriel, un représentant de l’aéroport international d’Edmonton souligne que le défi est de trouver des traducteurs français et des employés de première ligne francophones en Alberta puisque les ressources ne sont pas les mêmes que dans l’est du pays.
« Nous procédons actuellement à la transition de tous les documents concernés pour inclure l’anglais et le français et nous continuerons d’identifier les lacunes au fur et à mesure de cette transition. »— Une citation de Aéroport international d’Edmonton
L’aéroport d’Edmonton s’engage à devenir complètement bilingue, mais aucun échéancier n’est fixé.
Les médias sociaux
Le tiers des recommandations portaient sur les publications numériques de l’aéroport international d’Edmonton.
Le rapport dénote plusieurs changements, surtout en ce qui concerne les réseaux sociaux. Le compte Twitter de l’AIE a été lancé en octobre 2019 sous le nom « @FlyEIA_FR », mais il a été renommé « @VoyagerYEG » depuis, peut-on lire.
Le commissaire aux langues officielles souligne également que depuis 2020, les vidéos sur le compte YouTube de l’aéroport sont publiées systématiquement dans les deux langues. Sur Facebook, les publications sont jugées de qualité égale dans les deux langues officielles.
Dans le rapport, le commissaire confirme être satisfait des efforts déployés par l’AARE pour rendre bilingues son site web et ses comptes de médias sociaux et encourage l’institution à continuer dans cette voie.