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RADIO-CANADA – Laurent Rigaux, publié le 4 mai 2023
Des élèves de 10e année en immersion à l’école Colonel Gray, à Charlottetown, ont présenté, mercredi 3 mai, leur version de l’Acte de l’Amérique du nord britannique de 1867. Devant la lieutenante-gouverneure de l’Île-du-Prince-Édouard Antoinette Perry, ils ont détaillé, en français, leur vision du Canada, une vision notamment plus inclusive.
Jean-Paul Pendergast enseigne pour la première fois l’Histoire en 10e année, un programme d’études où la Confédération canadienne occupe une grande place. Pour l’enseignant avide d’initiatives originales, il y a mieux à faire que de juste apprendre des dates.
J’aime travailler plutôt avec des projets que simplement de l’apprentissage didactique et des tests ou des examens
, explique-t-il.
Le programme nous demande vraiment d’examiner la perspective historique et les causes et effets. Alors je me suis demandé ce qu’auraient pensé les élèves de la Confédération s’ils savaient vraiment ce que c’était, qui était représenté, qui n’était pas représenté
, poursuit Jean-Paul Pendergast.
Il a donc réparti ses élèves dans six groupes, chacun représentant une province actuelle, soit l’Ontario, le Québec et les quatre provinces de l’Atlantique.
Trois groupes supplémentaires ont été créés pour représenter des groupes absents des discussions à l’époque de la création de la Confédération : les Premières Nations, les femmes et les minorités.
En classe, les élèves ont débattu entre eux des privilèges à accorder à chaque groupe dans le cadre d’une union, dans un format similaire à la Conférence de Charlottetown de 1864.
C’était super intéressant de voir les débats, les disputes, le travail que les élèves faisaient pour, soit gagner ce qu’ils voulaient pour leur groupe, soit pour ne pas laisser les autres avec trop d’avantages
, raconte l’enseignant.
Devant Antoinette Perry, les élèves ont présenté le résultat de leurs débats. L’égalité pour les femmes, le respect pour les Premières Nations, pas de discrimination pour les personnes de couleur, la vision des jeunes est inclusive.
Défendre son point de vue
Elle est aussi pragmatique. La Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick affirmant haut et fort leur souhait de bénéficier du chemin de fer pour leur économie, le Québec défendant ardemment des droits linguistiques, culturels et religieux spécifiques.
Isabelle MacKinnon, du groupe des femmes, tire de l’expérience une plus grande connaissance sur l’égalité des sexes au 19e siècle.
Ma mère et ma grand-mère m’ont dit comment la vie était dans le passé, ça m’a ouvert les yeux. Il y a toujours du travail à faire
, témoigne l’adolescente.
Alexander MacDougall est quant à lui très fier d’avoir défendu le point de vue de l’Île. Même si on a une population très petite, on a encore une grande influence sur le Canada
, affirme-t-il.
L’adolescent n’avait jamais défendu un point de vue politique auparavant. Il trouve incroyable et amusant
le fait de présenter son opinion directement à Antoinette Perry.
Antoinette Perry enchantée
La lieutenante-gouverneure se réjouit d’un exercice pas mal fantastique
. Dans son discours aux élèves, elle a insisté sur l’importance de sauvegarder notre démocratie
en s’impliquant dans la communauté et surtout en exerçant son devoir
de vote.
C’est un message qui résonne aux oreilles d’Isabelle MacKinnon : Je pensais que voter ce n’était pas très important, si je suis honnête.
Au-delà de connaissances historiques, l’exercice inventé par Jean-Paul Pendergast développe les habiletés des élèves en communication, collaboration, créativité et bien sûr en français, en donnant l’opportunité d’utiliser cette langue hors des murs de l’école.
« Lorsqu’on donne aux élèves une occasion authentique d’utiliser leur français devant la lieutenante-gouverneure qui est francophone, je pense que c’est pas pire. »— Une citation de Jean-Paul Pendergast
L’enseignant confie qu’il veut absolument
reconduire l’expérience l’an prochain.