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RADIO-CANADA – Publié le 26 avril 2023
Depuis 2017, Antoinette Perry endosse avec fierté son rôle de lieutenante-gouverneure de l’Île-du-Prince-Édouard. Elle est la première femme acadienne à occuper ce poste. Un signe, pour elle, que la culture acadienne est bien vivante.
Elle a fait de la défense du français son cheval de bataille. La journée de mon installation, je me suis promis que dans chaque discours j’aurais de l’anglais et du français
, explique Antoinette Perry.
Si c’est un événement avec des anglophones même si y’a pas un français
, elle parle au moins 25 % du temps dans la langue de Molière. Au contraire, si c’est un événement francophone, elle parlera 75 % du temps en français. Je m’exige les deux langues
, insiste celle qui a été enseignante pendant plus de 30 ans dans le système scolaire francophone.
Une éducation scolaire en anglais
Si le français est si important pour elle, c’est parce que, comme bien d’autres, s’exprimer dans sa langue maternelle lui a été interdit dans sa jeunesse.
« Il y avait en masse de racisme. On se faisait mettre à bas parce qu’on était les petits francophones. On se faisait dire de pas parler français »— Une citation de Antoinette Perry, lieutenante-gouverneure
Si elle n’a pas perdu sa langue, c’est notamment grâce à l’acharnement de sa mère. Elle se battait pour qu’on garde notre français, elle s’assurait qu’à la maison culturellement les traditions, on les respectait, on les vivait.
Sa mère a également bataillé pour qu’elle et tous les enfants de familles acadiennes de sa communauté de Tignish puissent suivre l’école en français de la première et la troisième année. Ensuite, Antoinette Perry a été obligée de poursuivre sa scolarité en anglais.
Pendant quelques années, elle a suivi des cours de français plusieurs fois par semaine après l’école. À partir de la 9e année, elle a pris les cours de français langue seconde. C’était presque un gaspillage de temps. Je me suis dit, je vais me concentrer au moins sur la grammaire, j’essayais de raffiner les choses
, raconte-t-elle.
C’est seulement une fois qu’elle est arrivée à l’Université de Moncton qu’elle a renoué avec une éducation en français. Elle y a passé cinq ans où elle a étudié l’enseignement de la musique.
Aujourd’hui, grâce à son rôle de lieutenante-gouverneure, elle se veut ambassadrice de la langue et encourage les jeunes à parler en français. Pour elle, le congrès mondial acadien qui s’est déroulé à l’Île en 2019 a éveillé le français, ça l’a augmenté. […] Je sentais que notre culture était élevée. Je voyais l’épanouissement, le sentiment d’appartenance.
Fière de représenter Tignish
Son poste de lieutenante-gouverneure est aussi une revanche sur ses origines. La communauté rurale de Tignish, souvent dénigrée par rapport à Summerside et Charlottetown, était vue par beaucoup comme non désirable
, selon elle. Elle se fait l’émissaire de sa communauté pour prouver le contraire.
Chaque chance que j’avais j’essayais de remonter parce que y’a du bon monde. C’est là que j’ai été élevée, la communauté m’a préparé pour ceci
, souligne Antoinette Perry, reconnaissante pour sa communauté.
Pour elle, le retour dans ma communauté natale, ça me remonte toujours l’esprit, ça me nourrit autant que ma famille
. Quand son mandat sera terminée, elle se fera une joie de revenir là où elle est née.
Avec des informations du Téléjournal Ici Acadie