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RADIO-CANADA – Véronique Morin, publié le 1er mai 2024
Alexis Lagimodière-Grisé, de son nom d’artiste Alexis Auréoline, participe, à partir de jeudi, à une foire d’art visuel à New York. L’artiste qui est originaire de Lorette au Manitoba présentera des œuvres à la frontière entre la peinture et la photographie.
Ce sera un retour dans la Grosse Pomme pour l’artiste qui a vécu à cet endroit avant la pandémie de COVID-19.
J’ai étudié quelque temps à New York. […] Et puis j’[y] ai travaillé très longtemps comme technicien d’art et puis dans le transport d’art, alors j’ai fait plein de liens dans ce domaine-là
, explique-t-il.
Alexis Auréoline participe à la dixième édition de la foire de la New Art Dealers Alliance (NADA), sous la bannière de la galerie d’art Eli Kerr qui le représente à Montréal.
L’événement se déroule du 2 au 5 mai et réunit 92 galeries d’art et organismes culturels provenant de 15 pays dont l’Argentine, la Grèce et la Corée du Sud.
Rencontré dans son studio de Winnipeg à quelques jours de son départ vers les États-Unis, Alexis Auréoline se dit heureux de retrouver cette ville qu’il a bien connue.
J’ai toujours des amis très chers qui sont francophones et puis qui vont venir visiter la présentation alors je suis très excité
, dit-il.
La force d’être francophone
Avec du recul, l’artiste constate que le fait d’être Franco-Manitobain l’a aidé à percer lorsqu’il était à New York. Selon lui, parler la langue de Molière est une aptitude en demande dans cette ville américaine.
Une fois qu’une galerie comprenait […] que je pouvais parler en français, j’étais [appelé à faire] différentes tâches pour communiquer avec des artistes français, des techniciens d’art français ou des collectionneurs français
, explique Alexis Auréoline. C’est comme ça que j’ai pu survivre à New York.
C’est également dans cette ville qu’il a développé la pratique artistique qu’il poursuit aujourd’hui.
Éloge de la lenteur
Alexis Auréoline décrit son travail d’artiste comme étant très calme.
C’est pas bruyant puis ça prend beaucoup de temps. J’ai une relation avec les matériaux qui est un peu plus lente, alors j’aime beaucoup toucher le canevas, puis travailler avec le papier.
Sur ses toiles, il applique notamment une formule chimique liquide qui, une fois exposée à la lumière, prend une teinte bleue. Il s’agit du cyanotype, un procédé photographique avec lequel l’artiste expérimente depuis près de dix ans.
C’est un mode de photo assez ancien avec un liquide que je peux mettre sur le canevas. Ça prend un peu de temps pour sécher et puis je l’apporte dehors [pour l’exposer au] soleil
, explique-t-il.
Le résultat : une impression indigo composée de motifs choisis par l’artiste.
Je suis très attiré par cette couleur-là. C’est une couleur très émotive et puis très profonde.
Ce travail avec le cyanotype rejoint la fascination d’Alexis Auréoline pour la photographie. Il souhaite d’ailleurs inviter le public à réfléchir à c’est quoi une peinture et c’est quoi une photo
. Il estime que son travail se situe à la limite de ces deux pratiques.
La photographie a toujours eu une grande place dans la vie de l’artiste.
J’ai grandi dans les livres, des livres de photographie, des livres d’art. Et puis […] j’étais toujours avec une caméra.
Une citation de Alexis Auréoline
Il continue cette pratique aujourd’hui et développe ses clichés dans une chambre noire, autre marque de la lenteur qu’il souhaite inclure dans son travail.
Transférer le bois sur la toile
Le kiosque de la galerie d’art Eli Kerr à la foire NADA permettra également à Alexis Auréoline d’exposer des tableaux qu’il crée avec du charbon.
Pour ces toiles, il utilise le bois d’érable du Manitoba. Les morceaux sont ensuite cuits dans une ferme près de Winnipeg. La température choisie pour la cuisson affecte la couleur du charbon une fois appliquée sur la toile. L’artiste marie différentes couleurs de charbon dans ses toiles.
Pour dessiner sur le canevas, Alexis Auréoline passe les morceaux de charbon sur une toile déposée sur une table en bois, ce qui révèle la texture de sa surface.
C’est un peu comme une imprimante, mais moi je deviens l’imprimante
, dit-il.
En plus de sa participation à la foire NADA, une exposition des œuvres de l’artiste Alexis Auréoline est prévue à la galerie d’art Eli Kerr de Montréal l’automne prochain. Il s’implique également au Platform Centre for Photographic & Digital Arts à Winnipeg.