Quelques jours avant la fermeture du chemin Roxham, ONFR+ est allé à la rencontre d’une mère de famille francophone installée à Cornwall, en Ontario. Il y a quelques mois, Esperantine Desardouin, son mari Philippe et leurs deux enfants ont traversé le chemin Roxham. Après avoir fui Haïti, leur quête pour une vie meilleure pourrait s’achever ici, à Cornwall, là où la famille Desardouin trouve tous les jours un peu plus de confort.
Pourtant, rien n’est certain puisqu’une aucune décision de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR) n’a encore été donné.
« Ce n’est pas facile. Non, ce n’est pas simple de prendre la décision de traverser une frontière illégalement. »
Au milieu du mois de mars, alors que le dossier du chemin Roxham atteint son paroxysme, l’Association des communautés francophones de l’Ontario Sturmont – Dundas et Glengarry (ACFO SDG), très impliquée auprès des demandeurs d’asile, nous avaient présenté Mme Desardouin.
À sa rencontre, nous ne savons pas à quelle histoire nous attendre. La plupart sont des mères, des pères et des enfants qui risquent leurs vies pour s’installer au Canada. Une terre d’accueil pour eux. La réputation du pays représente dans l’esprit collectif un paradis de l’immigration.
Dans les yeux d’Esperantine Desardouin, la paix était inévitablement au bout du chemin. Le chemin… c’est Roxham.
« JE N’AVAIS JAMAIS RIEN FAIT D’ILLÉGAL DANS MA VIE » – ESPERANTINE DESARDOUIN
Mme Desardouin et sa famille avaient déjà entendu parler du passage entre les États-Unis et le Canada.
« Nous avons entendu parler du chemin Roxham à la télévision. En fait, c’est très connu, les gens en parlent sur les réseaux sociaux aussi. »
Le règlement de l’offre active sur les services en français en Ontario entre en vigueur ce samedi. Désormais, tout organisme ou institution désignés en vertu de la Loi sur les services en français (LSF) doit accueillir les usagers dans leur langue sans qu’ils aient besoin de le demander. Mais l’application effective de ce mécanisme pourrait prendre encore plusieurs années, le temps de former un personnel suffisant.
Il s’agit d’un pan important de la loi de la modernisation des services en français adoptée en 2021. Le fardeau de trouver ces services passe dorénavant des utilisateurs aux fournisseurs de services. Ce règlement s’applique à toute agence ministérielle ayant des obligations sous la loi des services en français, ce qui inclut des services dans divers domaines comme l’éducation, la santé et autres guichets gouvernementaux.
Sont ainsi enclenchées neuf nouvelles mesures qui « amélioreront l’accès aux services en français en Ontario », se félicite la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.
Une personne cherchant à obtenir des services d’un organisme ou d’une institution, en personne, par téléphone ou virtuellement, peut choisir d’être servie en anglais ou en français.
Concernant les systèmes téléphoniques automatisés, ils se doivent de donner l’option en début d’appel de recevoir des services en français et en anglais. De même, les messages vocaux téléphoniques enregistrés à l’intention du public doivent désormais être dans les deux langues.
Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.
ONFR+ – Lila Mouch-Essers, publié le 30 mars 2023
Le 18e monument de la francophonie en Ontario verra le jour dans l’un des bastions francophones de l’Est ontarien. Retardé par la pandémie, ce projet a récolté la somme de 225 000 $, officialisant ainsi la première phase du projet. Son inauguration est fixée au 25 septembre 2023, Journée des Franco-Ontariens.
« On est dans notre échéance et dans notre budget. La construction pourra commencer en juin », confirme France Lamarche, présidente du comité du monument de la francophonie d’Alfred et sa région.« On vise donc la Journée des Franco-Ontariens en septembre pour l’inauguration », a-t-elle ajouté. « On a fait un sous-comité pour l’inauguration, avec une levée du drapeau franco-ontarien, un volet scolaire, etcetera. Tout va bien aller. »
« Ce sera aussi le 8e monument dans la grande région de Sturmont-Dundas-Glengarry et Prescott-Russell. »
Ce projet était au cœur de nombreuses discussions depuis plusieurs années. En 2019, il germait déjà au sein de la communauté. Malgré la pandémie, le comité a repris en novembre 2021, déterminé à construire cet ouvrage.
Le 27 mars 1913, le quotidien Le Droit a été publié pour la toute première fois. Depuis 110 ans, cette institution se consacre à l’actualité qui touche la communauté d’expression française en Ontario et dans l’ouest du Québec. Nos reportages d’archives témoignent des luttes et des changements vécus par le journal Le Droit tout au long de son histoire.
Un journal pour la sauvegarde du français en Ontario
En 1913, le journal Le Droit est créé par l’abbé Charles Charlebois, de la congrégation des Oblats de Marie Immaculée, pour lutter contre le règlement 17 qui interdit l’enseignement du français en Ontario.
« Le journal Le Droit, c’est plus qu’un journal, c’est une institution. Une institution liée, dans l’esprit d’un peu tout le monde, à la vie de la communauté d’expression française en Ontario. »— Une citation de Louis Martin, journaliste animateur, 1983
Cet organe de presse est essentiel à l’épanouissement de la francophonie, en particulier celle de la capitale nationale.
Le 15 mars 1983, l’émission Première page présente un reportage du journaliste Normand Cloutier qui aborde l’apport du journal Le Droit dans la communauté franco-ontarienne.
À cette époque, Le Droit est en voie d’être vendu à la société Unimédia, qui possède déjà plusieurs journaux, dont Le Soleil et l’hebdomadaire Dimanche matin.
Comme le raconte le journaliste, Le Droit appartient alors à Novalis, une maison d’édition fondée à Ottawa en 1936 par la congrégation des Oblats de Marie Immaculée. À compter de 1976, la communauté religieuse tente de se départir de l’entreprise.
Unimédia, le nouvel acheteur, s’engage à respecter certaines conditions : le journal doit rester d’inspiration chrétienne, il doit demeurer au service des Franco-Ontariens et il doit rester politiquement indépendant.
Au moment de l’achat du journal par la société Unimédia, le quotidien tire à 45 000 exemplaires par jour et 450 employés y travaillent.
Le reportage nous présente l’intérieur de l’imprimerie du Droit, une des plus modernes à l’époque.
« À la fin de la guerre, le lectorat du journal se répartissait moitié-moitié entre les deux rives de l’Outaouais. Il se trouve aujourd’hui en grande majorité du côté québécois. »— Une citation de Normand Cloutier, journaliste
En raison de l’explosion démographique de la région de Hull-Gatineau, Le Droit est devenu principalement le journal des Québécois de l’ouest, mais il continue à refléter les réalités des francophones de l’Ontario.
Le Droit est acheté en 1987 par le groupe Hollinger, propriété de Conrad Black.
Fulgence Charpentier, journaliste au Droit de 1922 à 1999
Le 1er janvier 1993, le journaliste Guy Gendron rencontre Fulgence Charpentier, qui pratique et observe le journalisme depuis trois quarts de siècle. Âgé de 98 ans au moment du reportage, le chroniqueur a commencé à travailler au Journal Le Droit en 1922.
Fulgence Charpentier a aussi été le premier ambassadeur canadien en Afrique francophone. À près de 100 ans, il dévore encore cinq journaux par jour et tient toujours une chronique hebdomadaire pour Le Droit.
Selon ce communicateur chevronné, l’âge lui permet de moins se tromper, de se rappeler les événements passés et de faire des comparaisons.
« Les journaux sont plus intéressants à lire aujourd’hui parce que l’information y vient beaucoup plus vite. »— Une citation de Fulgence Charpentier, journaliste 1993
Même si, au moment du reportage, Fulgence Charpentier rédige toujours sa chronique à la main avant de la recopier à deux doigts sur une machine à écrire, il ne tarit pas d’éloges pour ses jeunes collègues. Il estime que les changements technologiques apportent beaucoup d’avantages aux journalistes d’aujourd’hui.
Fulgence Charpentier a tenu sa chronique dans le journal Le Droit jusqu’en 1999. Il est décédé en 2001 à l’âge de 103 ans.
Des changements de main, mais une mission qui demeure
Le 27 mars 2013, la journaliste Nathalie Tremblay assiste au centième anniversaire du quotidien, organisé par la Ville d’Ottawa. Le tirage y est alors de 30 000 exemplaires par jour. Son reportage qui retrace la riche histoire du quotidien est présenté au Téléjournal.
L’historien Michel Prévost y mentionne que Le Droit a d’abord été créé en prenant comme modèle le journal Le Devoir. C’est un journal de combat, note-t-il.
Dans les années 1990, la saga de l’hôpital Monfort ravive cet esprit de défense des francophones ontariens présent depuis les débuts du journal.
« Le Droit a subi également son lot d’écueils, des grèves et des changements de propriétaires. Unimédia, Hollinger et Gesca amèneront tour à tour de profonds bouleversements. »— Une citation de Nathalie Tremblay, journaliste
C’est également durant les années 1990 que les ateliers d’impression sont fermés et que le quotidien est imprimé à l’extérieur.
En novembre 2000, Le Droit est acheté par l’entreprise Power Corporation, tout comme le journal Le Soleil et Le Quotidien. Les journaux passent de la filiale Gesca à Capitales médias en 2015. À la suite de la faillite de Capitales médias, en 2019, Le Droit est publié en coopérative.
En 2020, la salle de rédaction du Droit a quitté Ottawa pour s’installer à Gatineau. La même année, Le Droit a pris un virage numérique et a mis fin à la distribution de son quotidien imprimé en semaine.
Le Droit maintient un lien avec la capitale nationale et l’Ontario en continuant à couvrir les événements, les histoires et les luttes de la communauté franco-ontarienne.
À compter du 1er mai, Roda Muse occupera le poste de sous-ministre des Affaires francophones de l’Ontario. L’actuelle secrétaire générale de la Commission canadienne pour l’UNESCO remplacera Marie-Lison Fougère, partie à la retraite.
Dans une note datée du 23 mars, Michelle E. DiEmanuele, secrétaire du Conseil des ministres, parle de Mme Muse comme d’une dirigeante chevronnée qui a fait ses preuves en matière d’accroissement de la diversité culturelle et de promotion de l’accès aux possibilités économiques pour les jeunes francophones racialisés.
Mme Muse, qui a quitté son Djibouti natal à l’âge de 28 ans, est une femme active dans la communauté franco-ontarienne. Elle a par ailleurs été conseillère scolaire et vice-présidente du Conseil des écoles publiques de langue française de l’Est de l’Ontario.
Sur son profil Linkedin, Mme Musa a déclaré ce matin : Je me sens honorée d’avoir été nommée sous-ministre des Affaires francophones par le gouvernement de l’Ontario. Je succède à la sous-ministre Marie-Lison Fougère, qui a opéré des changements importants qui s’inscrivent dans l’air du temps et qui répondent aux besoins actuels des francophones de l’Ontario. C’est avec grand plaisir que je poursuivrai ces chantiers découlant de la modernisation de la Loi sur les services en français.
Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.
RADIO-CANADA – Julien Landry, publié le 23 mars 2023
Les francophones en milieu minoritaire y voient une volonté de rapprochement.
Pour la première fois, le Québec a proclamé mercredi une Journée québécoise de la francophonie canadienne. Tous les députés de l’Assemblée nationale, qui ont appuyé la motion du ministre québécois de la Langue française, Jean-François Roberge, sont d’accord pour donner leur soutien à l’ensemble de la francophonie du Canada.
Même si les Québécois vivent dans un contexte majoritaire, ils font face eux aussi au déclin du français et à l’hégémonie de la langue anglaise. C’est dans ce contexte que le gouvernement québécois a cru bon de proclamer cette journée qui était prévue dans sa politique en matière de francophonie canadienne.
Et cette initiative est applaudie par le Centre de la francophonie des Amériques, établi à Québec. Le gouvernement québécois a d’ailleurs demandé au centre d’organiser les activités autour de cette nouvelle journée.
Je suis très heureux de ce leadership du gouvernement du Québec, de vouloir parler, de faire connaître cette francophonie canadienne aux Québécoises et aux Québécois, se réjouit le directeur général du Centre de la francophonie des Amériques , Sylvain Lavoie.
« Je pense qu’on a tout intérêt à travailler ensemble pour préserver notre belle langue française, mais aussi en même temps d’aller, d’être à l’écoute et à la rencontre de l’autre pour aller apprendre aussi des expériences et des bons coups qu’on fait. »— Une citation de Sylvain Lavoie, DG du Centre de la francophonie des Amériques
Une main tendue qui fait plaisir
La directrice de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, Emmanuelle Corne Bertrand, croit que ce genre d’initiative officialise pour l’ensemble de la population québécoise la reconnaissance de la vitalité des communautés francophones dans le reste du Canada.
Parce qu’on n’est pas non plus des communautés moribondes qui vont mourir demain, on n’est pas un reliquat d’un vieux projet, rappelle la directrice. On existe, on grandit, on a de plus en plus d’immigrants qui nous rejoignent. C’est ça qui fait aussi la diversité de la francophonie canadienne.
Avec le Québec, la francophonie canadienne forme près de 11 millions de personnes. Sans le Québec, c’est moins de 3 millions. Il est donc important de s’unir, d’après la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Liane Roy.
Elle a apprécié les mots du ministre québécois de la Langue française et de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge. « Il a dit : on ne veut pas une relation de grand frère, on veut une relation basée sur les partenariats sur la collaboration et sur le rapprochement », se réjouit-elle.
Ce rapprochement est nécessaire selon les francophones parce qu’il y a la menace commune de l’hégémonie anglophone. Il peut se faire par des partenariats en culture, en éducation ou en affaire, par exemple.
Un front commun bénéfique pour le Québec
Cet appel au front commun est aussi le cri du cœur de Lisa Frulla, ancienne ministre de Patrimoine canadien et ancienne ministre de la Culture du Québec ainsi que Louise Beaudoin, ancienne ministre de la Culture du Québec et des Affaires intergouvernementales canadiennes.
Elles ont publié une lettre ouverte pour rappeler les défis communs entre le Québec et les autres provinces canadiennes par rapport à la langue de Molière.
Au Québec, bien que nous soyons majoritairement francophones, nos enjeux sont essentiellement les mêmes ; la découvrabilité des contenus en français sur le web, l’attractivité de l’anglais chez les jeunes, la francisation des nouveaux arrivants et la diminution de la proportion de locuteurs de langue française, écrivent les deux ex-politiciennes.
Lisa Frulla croit que le Québec a à apprendre des francophones en milieu minoritaire.
« On est tournés sur notre identité au Québec, c’est sûr. On met les mesures, des lois pour protéger cette identité francophone. On oublie que dans le reste du Canada, il y a de ces francophones qui se sont battus et qui se battent tous les jours pour pouvoir garder leur langue et la mettre en valeur culturellement, garder leurs institutions francophones et ça, honnêtement, c’est un exemple pour les Québécois. »— Une citation de Lisa Frulla, ex-ministre du Patrimoine canadien
Une journée québécoise de la francophonie canadienne va-t-elle changer quelque chose?
Peut-être pas dans le quotidien des francophones tout de suite, croit Emmanuelle Corne Bertrand, mais le symbole est important.
Ça va pas tout d’un coup, faire que le français va vivre un boom extraordinaire en Colombie-Britannique, mais oui, c’est important. C’est un engagement politique, précise-t-elle.
La Journée québécoise de la francophonie canadienne est un des objectifs de la politique québécoise en matière de francophonie canadienne.
Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.
FRANCITÉ – Mehdi Jaouhari, publié le vendredi 3 mars 2023
L’Ontario et le Québec financent des projets favorisant l’essor de la francophonie dans plusieurs domaines.
La coopération se poursuit entre l’Ontario et le Québec en matière de francophonie. 531 670 $ en subventions ont été consacrés à des initiatives conjointes durant l’année fiscale courante. Un montant record depuis le début de cette coopération interprovinciale en 1969.
Pour la prochaine année fiscale, l’appel à projets se tient du 1er mars au 12 avril 2023. Les demandes devront être déposées dans la nouvelle plateforme informatique du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes dès qu’elle sera en ligne.
Les projets financés doivent être élaborés et réalisés conjointement par des organismes francophones des deux provinces. Autre détail important, chaque projet doit être soumis par un demandeur d’une province et un codemandeur de l’autre province.
Un comité de sélection conjoint formé de représentants des deux provinces effectuera l’analyse des demandes. Ensuite, ce comité formulera des recommandations afin de déterminer les projets qui seront co-financés.
Rappelons que l’Ontario et le Québec ont renouvelé leurs engagements en 2016 par le biais de l’Accord de coopération et d’échange. Cet accord prévoit le partage et l’échange d’informations, d’expertise et de coopération dans un certain nombre de domaines. Il s’agit de la culture, l’éducation, la petite enfance, la santé, l’immigration, le tourisme, l’économie, la jeunesse et la langue française.