Serge Miville : « L’Université de Sudbury veut miser sur des partenariats au Québec »
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FRANCITÉ – Mehdi Jaouhari, publié le 18 juillet 2023
Malgré le refus de son financement par le gouvernement Ford, l’Université de Sudbury est loin de jeter l’éponge. Son recteur Serge Miville indique à Francité que l’UdeS veut établir le dialogue avec la province pour identifier des solutions et faire aboutir ce projet tant attendu en Ontario.
En milieu francophone minoritaire, convaincre les différents paliers de gouvernements de financer des services en français est un défi éternel. Ce constat est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de grands projets comme ceux d’institutions postsecondaires francophones. Pas plus tard que le 30 juin, l’Université de Sudbury a essuyé un refus de la part du gouvernement Ford pour le financement de son projet. Une décision qui a suscité l’ire de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens. Interrogé par Francité sur les derniers développements du dossier, le recteur de l’UdeS Serge Miville se dit optimiste quant à la relance du dialogue avec le gouvernement pour identifier des solutions. Un dialogue qui a fait l’objet d’une demande de rencontre urgente de l’ACFO avec la ministre des Collèges et universités de l’Ontario Jill Dunlop.
« Il faut trouver une façon de faire avancer le projet. Comme le fait de réexaminer d’autres facettes. Bien que nous souhaitions être un établissement autonome ayant une offre de base, nous désirons aussi miser sur les partenariats à l’intérieur et à l’extérieur de la province. À titre d’exemple, nous voulons profiter de l’expertise québécoise pour garantir un meilleur accès aux programmes et cheminements postsecondaires en français pour nos étudiants », explique-t-il.
Dans son argumentaire pour justifier le refus du financement, le gouvernement provincial avait mis en avant le fait que l’offre de programmation de l’Udes n’est pas alignée sur les réalités et les tendances du marché. Un argument réfuté par Serge Miville puisque, selon lui, le plan d’affaires de l’Université de Sudbury s’était basé sur les mêmes données publiques utilisées par le gouvernement.
« Nos conclusions sont à l’opposé de celles du gouvernement d’autant plus qu’il n’a y a pas eu de rétroaction de sa part », estime Serge Miville, qui ne ferme pas la porte à un ajustement de l’offre initiale. L’objectif du dialogue demandé par l’Université et la communauté Franco-Ontarienne est de comprendre les éléments d’analyse et les paramètres derrière la décision du ministère des Collèges et université de l’Ontario. En clair, l’idée est de trouver un terrain d’entente et débloquer la situation.
Face aux sceptiques quant à la légitimité de l’enseignement postsecondaire en français en Ontario, Serge Miville rappelle que le doute sur le bien fondé de l’offre éducative francophone est un réflexe assez récurrent.
« Au 19e siècle, on croyait à tort que l’enseignement en français n’était ni utile ni légitime, mais l’expérience depuis a prouvé le contraire. Il est tout à normal que certains aient des doutes encore aujourd’hui » affirme Serge Miville.
Selon lui, l’offre du continuum de l’éducation en langue française est une valeur ajoutée pour l’Ontario. « Quand il s’agit de francophonie économique, les échanges entre l’Ontario et le Québec ainsi que l’Ontario et la francophonie internationale représentent un potentiel massif », poursuit notre interlocuteur.
Fondée par des religieux catholiques en 1913, l’Université de Sudbury a beaucoup évolué depuis plus d’un siècle pour devenir récemment une institution laïque et autonome. Embauché en juin 2021, Serge Miville a pour mission d’entamer une refonte de cette institution postsecondaire pour en faire une université par et pour les francophones.
Notons, enfin, que les bassins potentiellement desservis par l’Université de Sudbury s’élèvent à 44165 francophones à Sudbury soit 26,23% de la population, 14980 à Timmins (36,84%), 9775 à North Bay (13,82%), selon les données du recensement de 2021 de Statistiques Canada reprises par Radio-Canada, cela sans compter des milliers d’autres communautés francophones du Nord de l’Ontario.
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