Angie Arsenault, artiste en quête d’abstraction, expose ses toiles à Charlottetown |RADIO-CANADA|
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RADIO-CANADA – Laurent Rigaux, publié le 5 juillet 2023
Angie Arsenault expose tout l’été une série de tableaux à Charlottetown, au café The Gallery. Avec ces nouvelles œuvres, l’artiste poursuit sa tentative de représenter l’Île-du-Prince-Édouard vue du ciel, de manière abstraite, tout en soulevant les difficultés de faire sa place dans un milieu artistique acadien encore très traditionnel.
Ça fait un bout que j’essaie de représenter ça, l’Île vue d’en haut, et je ne réussis pas, donc, c’est encore en exploration
, raconte Angie Arsenault, rencontrée sur place. Là encore, pour cette nouvelle collection, je tente ma chance de faire, vu d’en haut, un regard sur l’Île d’une manière moderne, abstrait à ma façon, et je ne réussis toujours pas ce côté-là, mais ça m’amène ailleurs
, poursuit-elle.
Les toiles exposées sont composées de sable de l’Île, de feuille d’or et de peinture mélangée à de l’eau, qu’elle laisse s’écouler sur la toile, en équilibrant sa volonté de contrôle et le lâcher-prise, la technique et le laisser-faire.
Mon cerveau, il veut toujours essayer de diriger tout, tout, tout, et c’est comme ça que je suis, et je pense que cette pratique, cette discipline m’apprend énormément
, avoue l’artiste.
Ses séries précédentes étaient aussi composées de matériaux naturels associés à la peinture, afin de représenter l’île et ses côtes de façon abstraite. C’est le cas de la collection Home on the Red Island, notamment, dont 25 % des profits issus des ventes ont été reversés à un fonds pour la protection de la nature.
« Jamais comme avant, je vois la beauté de l’Île, et je pense que je veux juste répéter ça. »— Une citation de Angie Arsenault
Dans les nouvelles toiles exposées à Charlottetown, on retrouve cette notion de géographie et de beauté du territoire, avec des lignes telles des courbes de niveau sur une carte et des méandres creusés par l’acrylique.
C’est un peu les questionnements qu’on a comme humain, le regard d’en haut. Est-ce que c’est spirituel, est-ce que c’est juste esthétique? C’est quoi, le regard que j’ai envers nous, avec les soucis qu’on a comme humain sur la planète?
dit-elle avec philosophie lorsqu’on la questionne sur le sens donné à ces toiles.
Pas facile d’exposer
Tout en poursuivant son travail d’abstraction de l’Île vue d’en haut, Angie Arsenault note les difficultés auxquelles elle fait face lorsqu’il s’agit de trouver des lieux d’exposition, surtout pour de l’art abstrait.
On se concentre souvent sur autre chose à l’Île à cause de notre culture, à cause de notre histoire ici. On dirait qu’il faut toujours avoir une œuvre qui va amener à une discussion plus profonde par rapport à notre histoire, que ce soit le Canada, les Acadiens
, affirme-t-elle. J’ai toujours senti que ça crée une pression énorme.
Angie Arsenault reconnaît l’importance de s’attacher à l’histoire et aux traditions, mais elle se demande si cela ne bride pas d’autres formes d’expression qui ne sont pas dans une boîte
. Ce n’est pas facile
, dit-elle en soupirant, néanmoins avec le sourire.