Lucie Hotte, théoricienne de la littérature franco-ontarienne |ONFR+|
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ONFR+ – Lila Mouch-Essers, publié le 1er juin 2024
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[LA RENCONTRE D’ONFR]
OTTAWA – Lucie Hotte est professeure titulaire au Département de français et directrice du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) de l’Université d’Ottawa. Elle dirige également le Laboratoire de recherche sur les cultures et les littératures francophones du Canada. Ses recherches se concentrent sur les théories de la lecture, les littératures minoritaires et l’écriture des femmes. Forte de plus de 25 ans d’expérience, Lucie Hotte a reçu de nombreux prix, dont le plus récent est le Prix d’excellence en recherche en francophonie de l’Université d’Ottawa, récompensant son rôle majeur dans la promotion et l’étude des cultures francophones minoritaires au Canada.
« Votre curriculum vitae fait 44 pages. Est-ce qu’il reste de la place pour d’autres projets?
Oui, il y a toujours des projets en cours. Je travaille actuellement sur deux manuscrits de livres. L’un d’entre eux devrait être soumis à un éditeur prochainement, j’espère avant la fin de l’année, tandis que l’autre prendra encore quelques années. En plus, je mijote une idée pour un troisième livre. Les idées ne manquent jamais. Au fil de ma carrière, j’ai souvent eu des idées de recherches que j’ai proposées à des collègues ou à des étudiants.
Après, c’est un avantage et un désavantage parce qu’il faut savoir se concentrer sur un projet à la fois pour le mener à terme (rires).
Quel est votre rapport à la littérature, qui semble être au cœur de vos missions?
Mon parcours est un peu différent. Au départ, ce qui m’intéressait vraiment, c’était les théories de la lecture. Quand j’étais étudiante au baccalauréat, beaucoup de gens autour de moi voulaient devenir écrivains. Pas moi. Je n’étais pas intéressée par l’idée d’écrire. Moi, j’aimais lire. J’aimais comprendre ce qui fait qu’une œuvre littéraire nous attire, nous passionne, nous fascine, nous captive. Comment est-ce construit, comment cela fonctionne, et quel impact cela a sur le lecteur ou la lectrice. Donc, à la base, je suis une théoricienne de la littérature et je me concentre sur les théories de la réception. Mon premier livre traite de cela, en se basant sur un corpus québécois. Le choix du corpus était un peu accessoire, je voulais travailler sur une littérature canadienne, pas sur la littérature française, même si je l’aimais beaucoup.
Puis, j’ai commencé à m’intéresser à la littérature franco-ontarienne, à la lire et à lire aussi la critique de cette littérature. Je trouvais que la critique était très réductrice. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui se passait dans la lecture de cette littérature, quelque chose de différent par rapport à la lecture des littératures majoritaires.
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Une de vos expertises est la théorie de la réception. Comment décririez-vous votre travail, pour les novices?
C’est assez large mais, par exemple, le filon de la lecture est devenu central dans mes recherches sur les littératures franco-canadiennes. Je travaille beaucoup sur la réception critique des œuvres et sur les raisons pour lesquelles un auteur reçoit des prix et d’autres non. Parallèlement, j’ai toujours analysé des œuvres et publié des articles sur des auteurs comme Michel Ouellet, Patrice Desbiens, Gabriel Osson, etc.
Toutes les littératures minoritaires, qu’elles soient franco-ontariennes, acadiennes, franco-manitobaines, africaines ou haïtiennes, sont souvent lues par les critiques selon une grille de lecture qui tend à être presque toujours réaliste. On cherche à découvrir quelque chose d’exotique, on cherche à ce que ces œuvres nous représentent une certaine réalité.
Il y a-t-il un engouement pour la littérature francophone minoritaire et a-t-elle une place au Canada selon vous?
C’est une question assez complexe, surtout récemment. Avec la direction du CRCCF, je me suis beaucoup éloignée des études littéraires pour m’intéresser à la recherche en français, à la francophonie minoritaire au Canada, à ses conditions d’existence, ainsi qu’aux enjeux et défis que les chercheurs francophones doivent relever.
Mon bilan n’est pas très positif, particulièrement pour le domaine littéraire.
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