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Des étudiants de partout au Canada choisissent d’étudier le droit en français au Manitoba |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Thibault Jourdan, publié le 9 mai 2024

Deux ans après sa création, la concentration en accès à la justice en français de l’Université du Manitoba attire de plus en plus d’étudiants, dont plusieurs viennent d’autres provinces.

En tout, six étudiants sont inscrits en deuxième et troisième années de la concentration en accès à la justice en français mais, l’automne dernier, 12 personnes se sont inscrites en première année.
PHOTO : RADIO-CANADA / GRAHAM SCEVIOUR-FRAEHLICH

Les examens terminés, six étudiants s’apprêtent à recevoir leur diplôme. Parmi eux se trouve Marie Boyd.

La jeune femme originaire de Calgary a fait le choix de venir étudier le droit au Manitoba en raison de la concentration en accès à la justice en français, offerte depuis 2022 à la Faculté de droit Robson-Hall. L’Université de Calgary offre pourtant une certification de common law en français.

Le programme à l’Université du Manitoba était le plus flexible de ceux qu’elle a regardés, explique-t-elle. Dans la concentration, on peut faire quelques cours en français et quelques cours en anglais. Il y avait les deux et, comme le français est ma seconde langue, je pense que c’était plus en phase avec ce que je voulais, précise celle qui a fréquenté une école d’immersion en Alberta.

C’est aussi cette spécificité qui a attiré True Dash. Originaire de l’Ontario, mais ayant vécu plusieurs années au Québec, la jeune femme devait choisir entre Sherbrooke et le Manitoba.

L’avantage [ici], c’est qu’ils comprennent qu’on apprend la langue française. Dans les autres écoles, il y a une attente [selon laquelle] on parle couramment le français, dit-elle.

True Dash, étudiante en droit dans la concentration en accès à la justice en français à l’Université du Manitoba.
PHOTO : RADIO-CANADA / RON BOILEAU

Je voulais avoir quelqu’un qui donne du soutien quand on veut pratiquer le droit en français, parce qu’on doit aussi apprendre [la terminologie juridique] en français, ajoute-t-elle.

Travailler dans le système judiciaire de sa province en français

Pour les deux jeunes femmes, l’objectif est de pouvoir travailler dans le monde judiciaire en français.

Marie Boyd compte retourner en Alberta et offrir ses services à des francophones. Je pense qu’il y a un gros besoin et, pour moi, l’accès à la justice est vraiment, vraiment important, précise-t-elle.

Il y a beaucoup de nouveaux arrivants qui parlent seulement français. S’il y a des personnes qui ont besoin de services [juridiques] elles ont le droit de les recevoir [dans leur langue] et je veux faire partie de cela.

Marie Boyd, étudiante en droit dans la concentration en accès à la justice en français à l’Université du Manitoba.
PHOTO : FOURNIE PAR MARIE BOYD

True Dash, pour sa part, n’a pas décidé si elle resterait au Manitoba ou retournerait en Ontario. Elle est néanmoins sûre d’une chose : Je veux travailler en français, c’est ça qui est important.

Un programme de plus en plus populaire

En tout, six étudiants sont inscrits en deuxième et troisième année de la concentration en accès à la justice en français, mais à l’automne dernier, 12 personnes se sont inscrites en première année. La Faculté de droit compte en tout 316 étudiants.

Les inscriptions pourraient augmenter à nouveau à la rentrée prochaine, puisque 13 étudiants [en première année] ont déjà indiqué un intérêt pour la formation, comme le précise Andréa Doyle, coordonnatrice du programme. 

La plupart des étudiants viennent d’immersion, et la plupart sont du Manitoba. Mais nous avons aussi des étudiants hors province.

Une citation de Andréa Doyle, coordonnatrice de la concentration en accès à la justice en français à l’Université du Manitoba

Andréa Doyle voit encore plus grand. À terme, elle aimerait doubler le nombre d’étudiants qui choisissent de suivre des cours dans la concentration en accès à la justice en français. Elle espère qu’il y ait un jour 20 ou même 30 étudiants en première année.

Premières campagnes de publicité dans d’autres provinces

Lorsque l’Université du Manitoba a formalisé sa concentration en accès à la justice en français en 2022, cela lui a permis de donner plus de visibilité aux cours qu’elle offre dans cette langue. Elle va maintenant plus loin : elle a élaboré une campagne de promotion à l’extérieur de la province.

On en rêvait, mais l’année passée, c’est la première fois que nous avons eu la capacité de le faire, explique Lorna Turnbull, directrice de la concentration en accès à la justice en français.

Lorna Turnbull, directrice de la concentration en accès à la justice en français à l’Université du Manitoba (à gauche) et Andrea Doyle, coordonnatrice de la concentration en accès à la justice en français à l’Université du Manitoba. PHOTO : RADIO-CANADA / AMINE ELLATIFY

L’Ontario et la Saskatchewan ont été les premières provinces visées et des publicités y ont été diffusées dans des journaux francophones.

Lorna Turnbull envisage maintenant la possibilité de promouvoir la formation plus loin dans l’ouest du pays, s’il le faut jusqu’en Colombie-Britannique.

Il y a un programme qui est offert par l’Université d’Ottawa, mais géré à Calgary, et on ne veut pas voler leurs étudiants. Mais je crois qu’il y a une complémentarité, c’est vraiment aider à renforcer la communauté francophone en dehors du Québec qui est pas mal bien servie en Ontario et au Nouveau-Brunswick, mais peut-être moins bien servie dans l’ouest, précise-t-elle.

C’est vraiment de reconnaître l’unité de la francophonie en situation minoritaire à travers le pays, dans les endroits où c’est peut-être moins servi par les grands centres.

Une citation de Lorna Turnbull, directrice de la concentration en accès à la justice en français

À terme, l’Université espère lancer une campagne sur les réseaux sociaux dès cette année pour rejoindre les étudiants à travers le pays.

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