Faire rayonner la culture africaine à Terre-Neuve : la mission de Navel Sarr |RADIO-CANADA|
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RADIO-CANADA – Janique LeBlanc, publié le 12 novembre 2023
Depuis son arrivée à Terre-Neuve, il y a près de sept ans, Navel Sarr s’est donné une mission : faire vibrer la culture africaine en organisant des événements pour pousser la communauté à rester et ouvrir les horizons des autres résidents.
Navel Sarr reproduit les mouvements de la professeure de danse africaine en suivant le rythme endiablé de la musique. Le gaillard d’1 m 95 participe à cet atelier en plein air, l’une des premières activités du cinquième St. John’s African Roots Festival (SARFEST).
Ce Canadien d’origine mauritanienne est le président et fondateur de l’événement. L’idée lui est venue peu après son déménagement de Montréal à Terre-Neuve en 2017.
Je voyais que beaucoup de (gens) de la communauté africaine et afro-descendante ne voulaient pas rester à Terre-Neuve-et-Labrador
, explique-t-il en ajoutant que les Terre-Neuviens étaient peu exposés aux cultures africaines et afro-descendantes.
Vu que les Africains aiment beaucoup la musique et danser, et les Terre-Neuviens aussi aiment beaucoup la musique, je me suis dit pourquoi ne pas faire un festival pour pouvoir réunir ces deux communautés ensemble?
La musique évocatrice de son pays natal
Dès sa première édition en 2019, le St. John’s African Roots Festival a déclenché de fortes émotions. Des spectateurs ont pleuré, émus par la musique venant de leur pays lointain.
Il y a des gens, quand ils ont entendu certains chants ou certains instruments, ça leur a rappelé leur enfance. C’était vraiment émotionnel. Les gens n’arrêtaient pas de nous remercier.
Une citation de Navel Sarr, président et fondateur du St. John’s African Roots Festival
Le musicien burkinabè Mamadou Diabaté est venu d’Autriche pour jouer au SARFEST 2023. Le balafoniste apprécie le message d’unité de l’événement musical.
L’importance de SARFEST, c’est pour montrer qu’on peut vivre ensemble dans une maison, qu’on est frère et sœur, qu’on soit rouge, noir et puis blanc, ça revient à la même chose. On doit échanger nos cultures
, affirme-t-il.
Un festival qui fait des petits
En plus de faire venir des artistes établis au SARFEST, Navel Sarr se fait un devoir d’encourager les artistes locaux émergents. Les jeunes étudiants qui n’ont même pas d’album, qui n’ont même pas de single, c’est pas évident qu’ils puissent être invités dans des festivals
, précise-t-il.
Plusieurs artistes ont fait leurs premières armes sur une scène devant public au St. John’s African Roots Festival. Baraka, un jeune auteur-compositeur-interprète terre-neuvien d’origine tanzanienne, s’est fait remarquer grâce à sa prestation au SARFEST.
Ça a changé beaucoup de choses. Presque tout honnêtement. Jouer en public, savoir qu’il existe un lieu où le fait d’être Africain est célébré, encouragé et mis en valeur, c’est un honneur!
Une citation de Baraka, auteur-compositeur-interprète
Baraka a réalisé un rêve l’été dernier en jouant sur la grande scène du plus important festival musical de Terre-Neuve, le Newfoundland Folkfest. Ce spectacle, il le doit aussi à Navel Sarr, qui assure depuis trois ans la programmation africaine du Folkfest.
Ils me disent : on veut avoir des musiciens qui ont performé l’année passée pour SARFEST. Ils nous donnent les noms. Lui, il est vraiment bon
, explique Navel pour illustrer les retombées positives de son festival pour les artistes locaux d’origine africaine.
La directrice du Newfoundland Folkfest, Julie Vogt, apprécie la vision de Navel, très ouverte sur le monde. Des musiciens de partout au monde, y compris nos musiciens terre-neuviens, s’inspirent les uns les autres
, affirme-t-elle.
Navel est heureux de voir le public du Newfoundland Folkfest, majoritairement terre-neuvien, accueillir, encourager, applaudir et même chanter avec un musicien africain. C’est vraiment un pont qu’on est en train de bâtir entre les communautés à travers la musique
, dit l’énergique organisateur bénévole du St. John’s African Roots Festival.
Navel Sarr entend poursuivre sa double mission de faire connaître la culture africaine aux Terre-Neuviens et de l’offrir aux Africains de Terre-Neuve pour les inciter à rester. Avec son équipe de bénévoles, il a déjà mis sur pied un festival de cinéma africain, qui comme son pendant musical, grandit à chaque année.