Communauté LGBTQ+ : un conservateur secoué par les propos du premier ministre au Nouveau-Brunswick |RADIO-CANADA|
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RADIO-CANADA – Patrick Lacelle, publié le 18 mai 2023
Kevin J. Haché est un ancien maire de Caraquet. Il a également été candidat pour les progressistes-conservateurs de Blaine Higgs dans la circonscription de Caraquet à deux reprises. Kevin Haché est aussi gai. Les propos tenus cette semaine par le premier ministre, chef de son parti, l’ont secoué.
Mardi, en mêlée de presse, le premier ministre Blaine Higgs s’est prononcé sur la révision de la politique 713 sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre en milieu scolaire. Il a affirmé que les écoles devraient pouvoir aviser les parents des élèves qui choisissent un prénom correspondant à leur identité de genre. Il s’est aussi prononcé sur la lecture de contes pour enfants par des drag-queens.
Je ne crois pas qu’ils devraient être exposés à cet âge. Je crois que nous apprenons aux enfants à se développer et à grandir. Ils pourront prendre une décision quand ils seront plus grands et plus sages. Essayons-nous d’enseigner la tolérance et l’acceptation ou essayons-nous d’enseigner la promotion?
, a affirmé le premier ministre mardi en anglais.
M. Haché, qui est aussi président d’Acadie Love, est renversé de voir le premier ministre affirmer qu’être gai est une décision
qu’on prend, mais il ne croit pas qu’il s’agisse d’une pensée généralisée à l’intérieur du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick.
Je ne pense pas que c’est le parti comme tel. Je pense qu’il y a des gens à l’intérieur peut-être qui ne comprennent pas les réalités de la communauté. Lorsque j’entends le premier ministre – j’espère que c’était une erreur dans une mêlée – qui ne sait pas si j’ai choisi d’être gai ou si je suis venu au monde gai, je me dis que ça n’a juste pas de sens
, a confié l’Acadien en entrevue à l’émission La matinale d’ICI Acadie jeudi matin.
Je n’ai pas choisi de vivre cette vie-là et je ne pense pas que personne qui pourrait choisir [ne] choisirait cette vie-là. De vivre une vie où tu es discriminé, que tu ne peux pas voyager dans certains pays parce que tu peux être tué pour qui tu es, d’avoir peur d’aller dans un bar aux États-Unis et être tiré. Donc, il n’y a personne qui choisit cette vie-là
, a-t-il ajouté.
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La politique 713, un minimum
La politique 713(Nouvelle fenêtre) du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance établit les exigences minimales
pour créer un milieu scolaire sécuritaire, accueillant et inclusif pour tous les élèves de la communauté LGBTQ+.
« Étant gai à 52 ans, si j’avais eu cette politique-là à l’école, je pense que mon enfance aurait été différente. »— Une citation de Kevin Haché
Réviser cette politique aujourd’hui, selon l’ancien maire de Caraquet, est un non-sens puisqu’elle fonctionne depuis son adoption en août 2020. L’avocat croit que cette politique a une raison d’être. Permettre à un élève de ne pas divulguer son prénom de choix à ses parents est une clause indispensable, d’après lui.
Il y a une raison pourquoi ça s’appelait le placard. On vivait dans le placard. On ne voulait pas le dire parce qu’on ne savait pas comment la société allait nous accepter, comment on allait être reconnu par nos amis et nos parents
, explique M. Haché.
Réviser la politique ou abolir son article 6.3.2 équivaudrait, d’après le président d’Acadie Love, à mettre en danger
la vie de jeunes de la communauté LGBTQ+.
Article 6.3.2 de la politique 713
L’élève au genre non binaire ou transgenre âgé de moins de 16 ans nécessitera le consentement parental pour que son prénom préféré soit officiellement utilisé dans la tenue de dossiers et la gestion quotidienne, par exemple les applications logicielles de l’école, du district scolaire et du MEDPE, les bulletins, les listes de classe, etc.
Avant de communiquer avec un parent, la direction d’école doit obtenir le consentement éclairé de l’élève pour discuter de son prénom préféré avec ses parents. S’il n’est pas possible d’obtenir le consentement parental quant à l’utilisation du prénom préféré, un plan de gestion du prénom préféré dans le milieu d’apprentissage doit être mis en place.
Kevin Haché lance donc un appel à la mobilisation afin de contester la révision de la politique 713.
Il y a plusieurs personnes dans la communauté qui sont assises sur leurs lauriers et qui sont très heureuses de vivre la vie qu’elles peuvent vivre aujourd’hui sur les batailles qui ont été gagnées dans le passé, mais aujourd’hui, je crois que les gens qui sont assis doivent se lever. On ne peut rien prendre pour acquis et je pense que notre gouvernement est en train de nous le démontrer maintenant
, a conclu M. Haché.
Avec des informations de l’émission La matinale d’ICI Acadie